J'avais finalement décidé de m'asseoir sur un toit, regardant la foule de mon perchoir. De là où je me tenais, je voyais l'ensemble de la fête foraine. L'heure tardive avait poussé bien des gens à partir, mais certains semblaient déterminés à rester jusqu'à la fermeture. Je devinais les rires insouciants de chacun, amusés par les manèges et les nombreuses distractions qui se trouvaient sur les lieux. De cette hauteur, les humains semblaient si petits et cela accentuait la fragilité de leur personne. En un rien de temps, il serait facile pour un esprit possédant une grande quantité d'énergie spirituelle de se débarrasser d'eux. Ils ne deviendraient que de simples dommages collatéraux, des pertes que la Soul Society ne pardonnerait pas par pur intérêt personnel plutôt que par réelle bonté.

Je soupirai. J'étais seul depuis un petit moment maintenant, mon ancien septième siège étant parti un peu après m'avoir informé des événements se déroulant en ville. J'avais rapidement passé un coup de fil aux autres Vizards pour leur confirmer la présence de shinigamis, que nous n'avions eu aucun mal à sentir un peu plus tôt, avant que je ne parte faire ma ronde. Suite à cela, j'avais décidé de me reposer un peu. Si quelque chose se passait, j’accourrais, mais je ne voyais pas l'utilité de me balader partout en ville pour l'instant. J'étais bien ici, écoutant tranquillement ma musique sur mon téléphone. Si j'aimais bien la mode chez les humains, je n'étais pas très fan de leur technologie et avait bien du mal à m'y adapter, mais la musique -plus spécialement le jazz- me plaisait énormément et pouvoir en écouter partout où j'allais était quelque chose qui ne me déplaisait pas.

Mon regard se perdait dans le ciel, les nuages sombres éclairés par la faible lune. Il était déjà tard et il n'y avait plus aucune trace du soleil. La nuit approchait doucement et pourtant, la ville restait lumineuse. Les sources de clarté ne manquaient pas à Karakura et la fête foraine brillait dans la noirceur du soir. Je regardais ce contraste avec indifférence. Avec le temps, je m'étais habitué à vivre ici et les habitudes des humains ne me surprenaient plus. Je ne considérais peut-être pas cette dimension comme la mienne, mais je ne savais pas si j'arriverais à la délaisser complètement si la possibilité de revenir à la Soul Society m'était donnée. Après tout, j'avais fais l'impossible pour aider les autres Vizards à s'y sentir comme chez-soi et je tenais à cette « maison » qui était la nôtre.

Le paysage qui changea attira mon attention et en un instant, je me retrouvai debout, rangeant rapidement mes écouteurs dont la musique s'échappait encore. Je n'avais pas le temps de m'en préoccuper et la vision du ciel qui se déchirait pour laisser place à un Garganta me pressa. Je ne pouvais voir exactement combien de personnes s'y trouvaient, mais je pouvais sentir l'énergie spirituelle de plusieurs Arrancars. Pourtant, je ne me souciai d'aucun d'eux. J'avais aisément reconnu la présence d'un traître parmi eux. D'un homme qui avait détruit la vie de plusieurs de mes amis en trahissant ses propres supérieurs. Tosen.

Je n'hésitai pas à me lancer dans les airs, m'éloignant grandement en terme de hauteur de la ville. Rester près des bâtiments ne ferait que causer des dégâts et risquait de tuer des innocents. Si je ne me sentais pas très attaché aux humains, je ne désirais pas leur mort pour autant. Je sortis mon téléphone, arrêtant la musique et appuyant sur la touche rapide pour appeler les autres. Je n'eu pas à attendre bien plus que deux sonneries lorsque la voix colérique d'Hiyori me parvint dans l'oreille.

« Qu'est-ce que tu veux, le chauve ? », me demanda-t-elle. Son ton était peut-être agressif et impatient comme à l'usuel, mais je devinai aisément qu'elle comprenait pourquoi je l'appelais. Je pouvais déjà entendre derrière elle Mashiro qui criait et pleurnichait parce qu'elle avait envie de se battre contre quelqu'un et Kensei qui tentait de la faire taire.

« Tu sais pourquoi j'appelle. », dis-je simplement. La réponse ne tarda pas.

« Tu t'en charge. C'est ton tour de garde. On s'en fou des autres, les shinigamis auront qu'à s'en occuper, c'est pas notre problème. T'as pas besoin de notre aide, non ? C'est pas Aizen, alors on n'en à rien à foutre. », me répondit-elle. Elle sembla éloigner le téléphone, sa voix un peu plus distante alors qu'elle criait sur Mashiro de bien vouloir se la fermer. Je levai les yeux au ciel, exaspéré par l'attitude de mes camarades.

« Ce n'était pas pour toi que j'appelais, idiote ! »

« Alors t'avais qu'à pas m'appeler moi, espèce d'imbécile ! », répondit-elle si fort que je dû éloigner le téléphone de mon oreille pour épargner mes tympans. Une veine menaça d'exploser sur mon front, alors que j'arrêtais subitement sur place. J'approchai le téléphone de mes lèvres, criant à mon tour.

« Non, mais ce n'est pas toi que j’appelais, imbécile ! J'appelais à l'entrepôt ! C'est un stupide téléphone commun pour tout le monde, pas seulement pour toi, idiote ! », perdis-je à mon tour patience.

« Je m'en fou ! Tu t'en occupe toi-même ! Et tu es mieux de lui foutre une raclée ou je vais t'en mettre une moi-même ! Et sérieusement, pourquoi t'es encore entrain de me parler alors que tu devrais te battre, hein ? », dit-elle, puis elle me raccrocha au nez. Je soupirai, mais regagnai mon calme rapidement. Ce n'était pas le moment de m'emporter. Maintenant que je savais ce qu'il adviendrait de la situation, c'était-à-dire que je me débrouillerais seul pour ce combat, je pouvais me concentrer de nouveau sur mon futur adversaire.

Je me retrouvai en un rien de temps face à Tosen. Déjà, dans la ville, je ressentais l'énergie spirituelle de chaque Arrancar qui l'avait accompagné et comme l'ancien shinigami, ils étaient tous prêts à combattre. Personne ne tardait à se libérer, mettant le cahos un peu partout dans la ville. Je ne comprenais pas la raison de ces nombreuses attaques simultanées, mais je comptais bien obtenir une explication le plus rapidement possible. Aucune chance que tout cela ne soit pas orquestrée par Aizen et si je n'avais pas été aussi maître de mes émotions, la colère aurait sans doute pris le dessus. Cet homme préférait envoyer tout le monde faire le sal boulot à sa place.

« Hirako Shinji, l'expérience râtée d'Aizen-sama. »

Je ne répondis rien à cela, regardant l'ancien troisième siège de la neuvième division dégainer son zanpakuto, prêt à combattre. Je tenais fermemant la gaine du mien, prêt à répondre à la première attaque. Je ne patientai pas plus longtemps et usai de ma main libre pour retirer le fourreau. Il n'y avait aucune chance pour nous deux de nous contenter de parler. Déjà, le traitre ne semblait aucunement intéressé à échanger des banalités et qui plus est, je ne pouvais rester calmement là à regarder l'un des responsables de ce qui était arrivé aux Vizard sans ne rien faire. Si Aizen était la cause de tout cela, Tosen avait énormément aidé.

« Il est dommage que vous ayez perdu votre utilité aux yeux d'Aizen-sama. »

Encore une fois, je laissai les mots coulés sans ne rien dire. Il n'y avait pas de réponces nécessaires à de tels propos. Je n'étais même pas intéressé de savoir ce que mon ancien lieutenant pensait de moi. Son opinion n'avait aucune importance. Et sincèrement, la dernière fois qu'il avait vu une quelconque utilité en nous, cela ne s'était pas du tout bien terminé, alors je préférais savoir qu'il ne se souciait plus de nous. Cela ne m'empêcherait pas de m'interposer face à ses plans et de le faire payer pour ses actes.  

« Je suis navré mais tu vas devoir mourir. »

Partout en ville, les combats commençaient et les dégâts se faisaient bel et bien sentir. Les résultats de cette attaque ne seraient pas beau à voir, peu importe qui en sortirait victorieux. Pour ma part, j'avais mon propre adversaire et je ne comptais pas rester les bras croisés. Cet homme n'était pas à prendre à la légère. Sa condition d'aveugle le rendait immunisé aux capacités de mon zanpakuto, ce qui pourrait être un problème. De toutes façons, je ne comptais pas montrer mes cartes maintenant et je préférais garder cela pour Aizen lui-même.

Rapidement, je m'élançai en direction de Tosen, prêt à combattre. J'étais attentif aux moindres détails qui nous entouraient, laissant mes sens être des plus alertes. Je ne laissais rien m'échapper, tout en me concentrant sur l'ancien shinigami. S'il pensait que ce combat serait facile, il se trompait fortement, mais je ne pouvais pas penser moi-même que je n'aurais aucune difficulté. Je ne pouvais cependant pas le laisser partir et je ne pouvais pas me permettre de perdre notre combat. Après tout, ma véritable cible était Aizen, pas lui. Je ne pouvais pas échouer contre l'arme d'une autre personne. Mon ancien subordonné était de ma responsabilité et je me devais de l'arrêter. Je ne pouvais laisser personne m'en empêcher. J'avais échoué une fois, je ne pouvais laisser cela se reproduire.

Nos épées s'entrechoquèrent, résonnant dans l'espace qui nous entourait. Mon regard était posé sur le visage du traitre, aussi sérieux que la situation l'était. Ce n'était pas l'heure de plaisanter et je ne voulais pas jouer l'innocent dans un tel contexte. Les événements qui se passaient partout en ville étaient graves. Je n'avais aucune information sur le sujet, mais je ne pouvais me dire vraiment surpris. Je m'attendais depuis un petit moment à voir d'autres Arrancars se présenter en ville, mais je n'avais pas pensé que cela serait un aussi grand groupe.

« Désolé de te décevoir, mais cela ne fait pas partit de mes plans. Que faites-vous tous ici ? »

Je n'attendis même pas pour réagir. Les milliers d'épées qui fonçaient dans ma direction ne me laissait pas le choix que de me déplacer afin de les éviter. Heureusement, j'étais quelqu'un de très rapide et j'avais toujours énormément travaillé sur mon shunpo, bien qu'il y avait à mes yeux toujours place à amélioration. Pour autant, ce ne fut pas difficile d'esquiver le tout. Bien sûr, la distance de son attaque était large, mais la portée de mes déplacements l'était aussi et je me retrouvai en un instant de nombreux mètres loin des armes. Les épées continuèrent leur course et je savais que les dégâts sur la ville risquaient d'être importants, mais l'attaque était déjà lancée. Je tenais donc fermement mon zanpakuto dans l'une de mes mains, prêt à arrêter l'ancien subordonné de Kensei avant qu'il ne cause encore plus de problèmes.

Je ne comptais cependant pas user de mon masque immédiatement. S'il décidait de devenir vraiment sérieux, je n'aurais sans doute pas le choix, mais en faire usage dès le début du combat n'était pas judicieux. Je devais prendre le temps d'analyser la situation, de connaître les techniques de combat de Tosen et d'ainsi être fin prêt lorsque je ferais appel à mes pouvoirs de hollow. Après tout, j'étais limité par une limite de temps et même si je savais pouvoir enlever et remettre le masque une fois proche de la fin du temps impartie, l'instant où je le faisais pouvait être utiliser à l'avantage de l'adversaire. Les Vizards avaient évidemment appris depuis longtemps à agir en conséquence et nous ne laissions justement pas les choses échapper à notre contrôle. Laisser le masque disparaître de lui-même était une distraction qui risquait de s'avérer mortelle, alors nous gérions le tout avec précautions.

De là où je me tenais, une certaine distance me séparait de mon adversaire, mais je ne baissai pas ma garde pour autant. Je ne me précipitai pas dans le combat, tenant mon arme afin de pouvoir répondre à un assaut s'il venait à m'attaquer directement. J'affichai un sourire un peu crispé et on voyait bien que ce n'était pas la joie qui m'habitait, mais bien l'ennui. Je vivais quand même à proximité, alors j'aurais bien aimé qu'on ne détruise pas le voisinage. Ce n'était pas exactement à côté de chez moi et je doutais même que cela est touché les rues adjacentes à celle où se trouvait l'entrepôt, mais tout de même, c'était bien ennuyant de voir le secteur à risque.

« Oï ! Ce serait bien si tu ne détruisais pas le quartier. Il y a des gens qui y vivent, tu sais ! Tu pourrais faire un peu plus attention... »

Les paroles du traître n'étaient en rien surprenantes. Ce n'était certainement pas la mort de quelques humains qui les retiendraient. Pour un homme qui se disait voix de la justice, il ne me semblait pas vraiment agir comme tel face à tous ses innocents qui risquaient de perdre la vie de ses mains. Je ne me faisais pas souvent le protecteur des vivants, mais je n'avais pas particulièrement envie de voir tous ces problèmes débarquer près de chez moi. S'il me fallait mettre un terme à ces bêtises par la force, je n'aurais d'autre choix que de me battre. De toutes façons, cet homme était l'un de ceux qui s'en étaient pris aux Vizards. De ce fait, il était à mes yeux un ennemi bien plus important que tous ces Arrancars. Bien moins qu'Aizen, évidemment, mais tout de même, il restait l'un des responsables de ce que nous avions subis.

Les coups de l'adversaire ne tardèrent pas à rencontrer mon épée, alors qu'il apparaissait tout près de moi pour enchaîner ses attaques. Ma réponse ne se faisait pas attendre et sans mal, j'interceptais chacune d'elles, sentant la retenue dont il faisait preuve. Ce n'était pas ainsi qu'il m'infligerait la moindre blessure. Pourtant, il devenait bien plus sérieux au fil du combat et je sentais qu'il comprendrait bien vite qu'un règlement de compte entre deux anciens capitaines étaient bien inutiles de cette façon. Nos forces étaient bien supérieures à celles dont nous faisions preuve présentement et il n'était pas difficile pour l'un et l'autre de déjouer l'adversaire à ce niveau.

Nos zanpakutos s'entrechoquèrent une dernière fois et Tosen s'éloigna de quelques pas, puis s'élança dans une série de Shunpos dans l'intention de m'étourdir. Sa vitesse s'accentuait au fil de ses mouvements, alors qu'il cherchait une ouverture qui lui permettrait de m'atteindre sans mal. Pour ma part, je ne lui laissais pas cette chance, toujours sur mes gardes. Je ne le quittais pas des yeux, suivant d'abord sa progression avec une attention toute particulière, mais je ne comptais pas le laisser mener ce combat. Sans attendre, je cherchai le meilleur moment pour attaquer, l'interrompant dans son concours de rapidité en donnant un coup d'épée là où je jugeais pouvoir briser son enchaînement. Si l'épée frappa le vide, elle se plaçait sur son chemin afin de l'obliger à s'arrêter, alors que je continuai ma riposte d'un coup sur le côté afin de l'atteindre lui cette fois-ci. Il devrait faire un tout usage de sa rapidité s'il ne voulait pas se prendre directement cette attaque.

Le combat devenait enfin sérieux. Tout autour de moi, la noirceur se faisait. un lointain souvenir qui ne m'avait jamais quitté revint en un instant et j'eu presque l'impression de me retrouver un siècle plus tôt, alors que nous subissions la hollowfication. Je m'étais bien interroger sur ce qui nous était arrivé et aujourd'hui, la réponse se montrait à moi d'elle-même. Il s'agissait donc du Bankai de Tosen... Mais cette fois-ci, j'étais près et heureusement, il n'y avait aucune distraction pour me détourner de notre combat.

Déjà, je remarquais l'évidence même. Son pouvoir était le reflet de sa propre condition et nous faisait ainsi vivre l'aveuglement. Ce n'était pas une noirceur à laquelle les yeux pouvaient s'habituer et je savais dès lors que je serais privé d'au moins l'un de mes sens. De là d'écoulèrent mes observations suivantes. Heureusement pour moi, j'avais toujours eu l'habitude d'analyser les situations dans lesquelles je me retrouvais, encore plus depuis l'hollowfication puisque le temps limité du masque obligeait à comprendre l'adversaire avant de pouvoir se battre à fond. Qui plus est, vivre dans le monde des vivants depuis plus d'un siècle amenait à remarquer un silence si anormal. Aucune voiture, aucun bruit lointain. Étais-je donc privé de tous mes sens ?

La réponse ne tarda pas à venir. À mon flanc, je sentis au dernier moment l'épée déchirer ma peau, alors que je me déplaçais en vitesse dans la direction opposée et vers l'arrière, sentant le sang qui s'écoulait le long de mes vêtements. Il m'était impossible de dire où se trouvait mon adversaire, car non seulement je ne voyais pas, ni n'entendait, mais ma capacité à sentir son énergie spirituelle semblait aussi opprimé que mes autres sens. Je me devais donc de combattre au dernier instant. Ma vitesse me serait plus que nécessaire dans ces conditions et ce serait sur celle-ci que je devais baser ma survie.

Ne bougeant pas, je restai sur mes gardes. Tout ce qu'il me restait à faire était d'attendre la prochaine attaque, qui ne tarderait sans doute pas. Pour ma part, je n'allais certainement pas me mettre à attaquer dans le vide, sachant pertinemment qu'il s'agissait d'une pure perte de temps et d'énergie.

Les attaques s’enchaînèrent, alors que je comptais à chaque fois sur ma seule vitesse pour m'en sortir. Sentant la lame caresser ma peau, je me devais de réagir le plus rapidement possible afin de m'éloigner des coups mortels portés à mon égard. J'étais reconnaissant des nombreuses heures passées au sous-sol de l'entrepôt afin de m'entraîner. J'étais déjà plutôt alerte du temps où j'étais encore le capitaine de la cinquième division, mais devoir m'adapter aux limites de mon masque m'avait permis de m'améliorer davantage. Après tout, les quelques fractions de seconde où j'invoquais les pouvoirs de ma contrepartie hollow laissaient une ouverture à mon adversaire et j'avais appris avec le temps à ne pas laisser celle-ci se jouer contre moi.

J'évitais donc chacune des attaques partiellement, mais chaque fois, une nouvelle blessure m'était affligée, bien qu'elle diminuait au fur et à mesure que je m'adaptais à cette totale noirceur. Heureusement, à la différence de mon shikai qui s'amusait à perturber les sens d'une façon bien fourbe, le Bankai de Tosen les supprimait complètement et ne permettait donc pas de tromperie. Le corps pouvait alors s'adapter à cette nouvelle réalité et se concentrer sur ce qui lui restait plutôt que sur ce qui lui manquait. Si je ne pouvais plus voir, alors je n'avais plus à me concentrer sur les réflexes que m'apportaient ma vision et cela laissait donc entièrement place au sens du touché.

Je me décidai enfin à passer à l'action, alors que je prévoyais les mouvements de mon adversaire selon les mouvements de son épée. Lorsque je sentis l'arme dangereusement proche de mon cœur, je pivotai sur le côté de façon à ce que la lame soit parallèle à mon torse, sans pour autant empêcher celle-ci de me blesser quelque peu. J'ignorai la brûlure et le sang qui s'écoulait maintenant sous ma chemise ouverte, me concentrant entièrement sur mon ennemi. Je profitai de son élan en ma direction pour suivre le chemin qu'avait emprunté son zanpakutô, remontant ainsi aveuglément jusqu'à lui. Agrippant fortement le bras du traître qui avait cent ans plus tôt osé s'en prendre à ceux qui formaient aujourd'hui ma famille, je tirai légèrement vers l'avant afin de le rapprocher un plus de moi, tout en levant la main qui tenait toujours fermement Sakanade afin de la passer devant mon visage. En un instant, mon masque se forma. Sans d'abord lâcher mon adversaire, je redescendis ma main afin de la tenir en un poing ferme, avec l'intention d'invoquer un cero, ne repoussant Tosen qu'au dernier moment afin de le faire bousculer vers l'arrière et ainsi lui envoyer mon attaque le plus près possible. Je doutais fortement qu'il ne réussisse à éviter entièrement le coup à cette distance, mais je ne délaissai pas ma défense, préférant jouer la carte de la prudence.

La dimension dans laquelle nous étions enfermés disparaissait peu à peu, pour s'effacer complètement en quelques instants. Je retrouvais mes sens, alerte de tout ce qui se passait autour de moi. L'heure ne laissait pour lumière que les rayons de lune, celles illuminant la ville bien trop en contrebas pour être dérangeante après avoir été enfermé dans un noir plus que total. Je n'eu donc pas de mal à retrouver la vue, habitué en un instant à ce faible éclairage. Je remarquai donc la blessure importante de Tosen, sérieusement blessé par mon cero qui ne l'avait pas manqué. Je n'étais pas bien mieux, certaines de blessures ayant déjà imbibés ma chemise de sang, mais je ne m'en formalisai pas, mon masque toujours sur le visage. C'était incroyable à quel point celui-ci donnait une impression différente sur le corps, une certaine distance qui rendait la douleur plus supportable, plus discrète. J'étais cependant bien conscient qu'il me fallait être soigné, ce qu'Hachi n'hésiterait sans doute pas à faire lorsque je rejoindrais le reste du groupe.

Alors que le Garganta s'ouvrait pour y accueillir Tosen, je fis un pas en avant pour l'arrêter, mais l'ancien capitaine ne m'en laissa pas le temps, prêt à retourner au Hueco Mundo auprès d'Aizen. Je rageai silencieusement, jurant mentalement de ne pas l'avoir neutralisé. Il était peut-être blessé, mais cela n'était pas suffisant pour l'arrêter. Il suffisait qu'on prenne le temps de le guérir et tout ce combat n'aurait servi à rien. Je détestais ne pas avoir pu faire payer ce traître pour ce qu'il avait aidé à nous faire. Je regrettais de ne pas l'avoir poignardé comme il l'avait fait avec mes camarades. Soupirant, je me concentrai sur le reste de la ville afin de décider s'il valait mieux retourner à l'entrepôt ou intervenir ailleurs...