Tous les jours, lorsque le milieu d’après-midi commençait à peine, et que les patients réguliers de la quatrième division sombraient dans un sommeil réparateur, la huitième siège aux allures de bana-bhuidseach quittait sa division, pour faire ce qu’elle appelait la tournée des terrains d’entrainement. Au début, ses collègues avaient vu cela comme du zèle, mais avaient rapidement déchanté en comprenant son réel objectif. Les terrains d’entrainements n’étaient pas ses lieux de jeux ou elle s’entrainerait avec son zalpakuto, mais bien un lieu de travail comme un autre. En effet, la rouquine avait rapidement comprit, depuis le temps, que la majeure partie des soldats du Gotei treize évitaient la division des soins lorsqu’ils se blessaient en entrainement, pensant que ce n’était rien. Or, la vérité était moins plaisante à entendre que leur pensée. Chaque blessure non guérie, chaque coup non traité, constituait une fragilité sur le corps, et ainsi, contribuait à l’épuisement quotidien de la personne, jusqu’à ce qu’elle se trouve face à un ennemi qui userait de ses faiblesses naturelles pour l’écraser. Et Nadeshiko avait décidé qu’elle vivante, chaque micro-déchirure musculaire serait guérie sur place, qu’importe la volonté du patient.

Ainsi, comme chaque jour, quittant son bureau, sa sacoche d’onguents et d’huile accrochée à son épaule et cognant contre sa hanche, elle avait quitté sa division d’un pas léger. Sa chevelure rousse avait été relevée en un haut chignon descendant, et fleurit de géranium rosa avec des feuilles de basilics sacré – un moyen comme un autre d’avoir des plantes médicinales sur soi tout en étant jolie – et les mèches de sa franges se baladaient sur son visage de madone. Le hobi rose et bleu avait été resserré étroitement autour de sa taille pour ne pas qu’Ibara No Hime ne glisse, et son uniforme, bien que plus gracieux que celui des autres, était probablement plus strict d’allure. Elle fit d’abord les premières divisions, distribuant du thé au jasmin ainsi que des biscuits à la violettes pour remettre les combattants en forme, et apaisa leurs bleus avec du baume à l’hibiscus. En passant prés de la sixième, elle évita prodigieusement les quartiers du capitaine, et fit son office sur les terrains d’entrainements, avant de se rendre à la suivante. Elle replaça une épaule démise chez les membres de la 7e division, et croisa le lieutenant de la neuvième avec une entaille sur sa joue tatouée. Elle rit intérieurement en lui appliquant le baume – s’il savait seulement ce que le 69 voulait dire, pauvre innocent et jeune qu’il était – et finit par atteindre la 10e, où on lui apprit que le capitaine avait réservé le terrain pour un entrainement solitaire.
Elle allait donc dévier son chemin pour rejoindre la 11e, lorsqu’un immense reiatsu vint la percuter de plein fouet, la faisant vaciller quelques instants, avant de disparaitre presque totalement.

Nadeshiko fut donc extrêmement surprise de sentir le froid ambiant qui semblaient envahir les couloirs pourtant tièdes jusqu’à présent. Se tenant au mur, elle ferma les yeux, et se concentra, cherchant la source de tout ce reistasu – elle l’avait parfaitement reconnu ce n’était pas le problème - pour vérifier si tout allait bien. Ressentir le reiatsu était quelque chose de compliqué, un travail qu’elle faisait chaque fois que le patient n’était pas en état de répondre à ses questions, ou de réagir au stimuli cognitif. Cependant, vu l’identité du propriétaire de ce reiatsu, mieux valait le faire de loin, histoire de ne pas comater pour plusieurs heures par la suite. Ainsi, à travers ce diagnostique, elle pu sentir quelques failles au niveau de son dos, ainsi qu’un épuisement complet au niveau du corps. Cela présageait donc de lourds déchirements musculaires, peut-être quelques écorchures, mais surtout, une guérison lente causée par le manque de reiatsu actif. La huitième siège finit par rouvrir les yeux, et, quittant son appui, se remit en route pour trouver le terrain d’entrainement de la sixième division, où devait gîser, inerte, Hitsugaya-Taicho.

Il fallait savoir une chose à propos de Nadeshiko. Si celle-ci vouait un respect sans faille à ses supérieurs hiérarchiques – exception faite pour le capitaine de la sixième pour qui elle avait un mépris constant – elle n’avait jamais vu ses patients autrement que comme ses petits protégés, encore plus lorsque ceux-là étaient plus jeunes qu’elle et d’apparence juvénile. Ainsi, à la seconde même où une personne était déclarée comme son patient, elle n’avait plus aucun respects des règles d’usage, et se focalisait sur le bien-être de l’individu à l’extrême. Une véritable mère qui guérit toutes les blessures de ses précieux enfants. De son pas toujours aussi léger mais rapide, elle finit par atteindre les terrains d’entrainements de la dixième division, soufflé par la vague de reiatsu, une fine volute de poussière s’était mêlée à l’air ambiant, et les lieux semblaient être désert. Du moins ils l’auraient été si la silhouette fine et svelte du petit capitaine ne gisait pas en son centre, inerte et pourtant entouré de ces fines particules de glace dont lui seul avait le secret. Nadeshiko se hâta en sa direction, et vint se poser à ses cotés dévoilant sa sacoche de baumes, ne disant mot et secouant la tête, comme excédé par la folie du petit capitaine. Oh, et il y avait autre chose à savoir sur la rouquine lorsqu’il s’agissait d’un soin... Elle ne vous demandait jamais votre avis!

“Vous voilà bien amoché, Hitsugaya-sama... Quelle folie que de pousser votre reiatsu à bout... Vous avez du assommer la moitié des soldats qui trainaient dans le coin!” Dit-elle d’une voix d’où transperçait sa douceur.

Elle sourit avec cette expression maternelle propre aux guérisseurs, et vint le saisir sous les aisselles délicatement pour l’asseoir, et le serra contre elle quelques secondes à peine. Si la demoiselle avait beau être d’une taille plutôt petite, le capitaine lui avait le gabarit d’un enfant, et pour une fois, elle n’eut aucune difficulté à porter son patient! Ainsi, une fois la tête du petit capitaine appuyée contre son épaule – s’il râlait elle ne s’en était même pas aperçu – elle vint lui retirer doucement son Haori, puis le haut de son uniforme, toujours très doucement puisqu’elle avait constaté les vilaines écorchures causées par les cailloux du terrains, et la fibre du tissus pouvait très bien s’être prise dans les fines plaies. Lorsque le torse de l’enfant du dragon fut dévoilé, et surtout, son dos, elle se décala et vint se placer derrière lui, le maintenant assis contre elle avec ses genoux repliés, pour pouvoir avoir accès à son dos.

“Décidément! J’ignore comment vous avez fait pour atterrir ainsi, mais ce sera à éviter pour la prochaine fois...” Ajouta-t-elle comme une mère réprimande son fils. Et d’une main experte, elle se saisit de l’un des pots contenu par sa sacoche. “Heureusement que j’ai du bissap pour prévenir les infections...  Oh, et mangez ça en attendant, cela vous fera le plus grand bien!” Et elle lui avait tendu la boite de petits gâteaux à la violette ainsi qu’une gourde de thé au jasmin. En revanche, pour restaurer son reiatsu... elle allait probablement devoir trouver autre chose... elle n’aimait pas user des pilules énergétiques.

Il était évident que son patient n’allait pas trop apprécier de se voir retirer son haori et le haut de son uniforme, principalement parce que les fibres du tissus s’étaient insérées dans ses plaies, et devaient le tirailler violemment. C’est pourquoi elle avait le plus attention possible, mais pas assez… Peut-être se serait-elle focalisée sur le fait que son patient était un Taicho, et que celui-ci n’avait pu réprimer une grimace, ce qui était rare venant de ses derniers, mais non. Un patient était un patient, qui qu’il soit. Elle avait une étique à respecter, un serment que même les vivants se devaient de connaitre, et elle ne jurait que par lui depuis qu’elle était devenue shinigami. En revanche, elle devait bien l’admettre, c’était le tout premier qui se laissait totalement faire sans trop se débattre, et elle en connaissait pas mal des énergumènes qui essayaient de fuir les soins sous prétextes qu’ils étaient capitaine. Un nom omni lui vint en tête, et malgré elle, Nadeshiko grogna entre ses lèvres, elle ne supportait vraiment pas cet idiot de Kuchiki Byakuya. Pour autant, sa colère fondit comme neige au soleil lorsqu’un mot franchit les lèvres de son patient. Ce n’était qu’un simple remerciement, mais cela lui alla droit au cœur.

Du coin de l’œil, elle vit qu’il avait accepté la gourde, mais n’avait pas touché aux biscuits. Elle secoua la tête, prête à le réprimander lorsqu’elle se rappela de quelque chose. Le capitaine avait une apparence d’enfant – probablement un retard de l’éveil spirituel – et devait donc probablement être sujet aux moqueries de la part de ses confrères, ce qui expliquerait son refus des biscuits alors qu’il était clair qu’il devait reprendre des forces. Elle soupira, les gens étaient cruels entre eux, quoi qu’on fasse pour les en dissuader. D’une main, elle sortit de la sacoche son set de cuir à outils, et le déposa à sa droite, le dépliant deux fois, avant de pouvoir croiser une pince à épiler. Il y avait quelques fibres encore présente dans les plaies, et elle ne pouvait pas les retirer comme ça, cependant, cela risquait d’être très désagréable pour le Taicho. Elle soupira, pesant le pour et le contre plusieurs fois, avant de se décider, mais avant même d’avoir pu prévenir le patient de son initiative, celui-ci prit la parole d’une voix presque lointaine. Et elle l’écouta attentivement, comme s’il l’avait mise en garde contre le futur.

« La guerre sera à nouveau sur nous, même si l'entraînement a été trop poussé, vous verrez sans doute bien pire. » Et chacun de ses mots avaient semblé lui tirer des grimaces, du moins elle s’en doutait vu les contractions de ses nerfs sur son cou blême.

« J’ai vu bien des horreurs, je ne m’inquiète donc absolument pas… Et je serais prête à tout soigner… »

Il y avait autre chose à savoir su Nadeshiko. Si elle passait la majeure partie du temps à baisser la tête devant ses supérieurs, elle ne manquait pourtant pas une seule miette de leurs comportements et attitudes. Chaque tension de muscles, chaque repli, chaque cerne, chaque ride, allant même jusqu’au battement de cils, étaient analysés par la jeune femme. Tout était permis pour décortiquer l’état du patient, et il lui était parfois arrivé de se retrouver dans des situations loquaces à cause de cette mauvaise habitude, prise pour une séductrice par certaines de ses collègues féminine qui ne rataient pas une seconde pour la prendre en flagrant délit d’observation.  Même le plus doué des impassibles avait des stimuli physique qu’il ne pouvait pas contrôler, et ils lui étaient visible.  Cependant, la remarque sur la guerre à venir était étrange, cette mise en garde visait probablement à la protéger, mais elle avait grandit au rugonkai, et elle avait l’habitude des massacres de la 11 et des tests – parfois non consentant – des membres de la 12e, sur les autres shinigamis. Elle vint finalement attraper la garde d’Ibara no Hime qui reposait dans son dos, et la sortit, la plaçant délicatement sur l’épaule de mon nouveau patient.

« Je vais devoir utiliser mon shikai pour vos soins… Ne bougez pas ce sera rapide… » Dit-elle d’une voix douce. « Futö, Ibara no Hime. »

Et la lame qui reposait sur l’épaule de son patient glissa lentement tel un serpent, devenant un ruban pourpre aux motifs floraux, qui vint alors s’enrouler autour du torse du jeune homme à la chevelure blanche. Le ruban vint grimper sur ses épaules, et flotta jusqu’à son dos, s’enroulant avec douceur sur les plaies ouvertes comme un papillon se poserai sur les pétales d’une fleur. Il était finement musclé, mais gardait cet aspect fragile que tous les patients semblaient avoir entre ses mains. Soudain, le ruban se défit, laissant sur son passage une gelée rosâtre sur les plaies et parfumée à l’hibiscus. Nadeshiko rangea sa seule et unique véritable partenaire de soin, et vint récupérer la pince à épiler du bout des doigts. Chaque geste fut alors emprunt d’une douceur sans égale, alors qu’elle retirait les fibres du tissu qui s’étaient prise dans les fentes sanguinolentes. Bientôt, les plaies furent propres, et la gelée qui les recouvrait disparue en une légère fumée parfumée, ne laissant aucune trace de son passage si ce n’est un léger engourdissement due au blocage de la douleur. Elle reposa la pince, et vint alors cueillir le pot en terre cuite contenant le baume cicatrisant à l’hibiscus – le bissap possédait vraiment toutes sortes de vertus incroyables.

« Je vais maintenant étaler le baume sur vos plaies… » Prononça-t-elle d’une voix douce.

Et elle cueillit avec ses doigts une noix de baume dans le pot, qu’elle déposa sur chacune des plaies délicatement, faisant en sorte de rentrer la crème parfumée entre les deux portes de la chaire. Une fois fait, elle reposa le pot de terre cuite à ses cotés, et replia ses genoux contre le dos du Taicho en faisant attention à ne pas lui faire de mal. Une fois que ses reins furent appuyés contre ses genoux, je vins placer ses mains sur ses épaules doucement, pour pouvoir le masser et ainsi faire disparaitre toute tension en plus de faire pénétrer la pommade sous sa peau et cicatriser les plaies. Lentement, elle commença à dessiner des cercles sur sa peau avec ses pouces, faisant une pression supplémentaire sur les nerfs et passant avec plus de légèreté sur les plaies recouvertes de baumes. Elle massa délicatement la base de son crâne, descendant sur sa nuque, puis redescendit sur ses épaules alors. Peu à peu, elle étala le baume parfumé sur tout le dos de son patient, ses doigts agiles glissant lentement sur la peau fragile et délassant les muscles un à un.

Elle pressa délicatement ses pouces le long de la colonne vertébrale du Taicho, toujours avec douceur, puis descendit sur ses reins, avant de remonter en direction des épaules. Là, elle redescendit en vague sur les flancs, pour ensuite s’arrêter au bas de sa colonne vertébrale, et, avec ses pouces, saisir délicatement la peau du Taicho au niveau de la dernière vertèbre lombaire. Ensuite, elle déplaça simultanément ses pouces et ses doigts vers le haut, faisant rouler la peau sous ses doigts sur toute la hauteur de la colonne et arriver à la nuque. Une fois fait, elle redescendit ses mains sur les reins du Capitaine à la chevelure blanche, juste au dessus de son séant, à la base de la colonne, et commença à décrire des cercles avec ses pouces tout en les déplaçant latéralement vers ses hanches. Nadeshiko reprit cette action deux autre fois, avant de revenir poser ses mains sur les reins du Shinigami au corps d’enfant, ses doigts pointés vers le haut. Elle massa la peau sous ses paumes en montant et en partant vers l’extérieur, avant de se glisser sur ses hanches pour descendre un peu, le bout de ses doigts effleura le ventre du Shinigami, avant de revenir en arrière pour reprendre le massage des reins. Elle termina le massage en laissant courir naturellement ses doigts sur le dos du Taicho délicatement, puis reposa ses mains sur les épaules musclées. Les écorchures n’existaient plus, et pas une cicatrice ne seraient présente non plus. Le baume et le massage avaient fait leurs effets. Elle sourit intérieurement de ses dons de guérisseuse.

« Et voilà… J’espère que cela vous à fait du bien… » Elle délaissa ses épaules, mais ne bougea pas, préférant attendre l’initiative de son patient pour se relever de lui-même, après tout, c’était elle qui le maintenait assis avec ses genoux.

Nadeshiko avait constaté que son patient s’était détendu, et elle devait bien admettre que voir cela avait fait naitre un sourire sur ses lèvres.  Elle était toujours contente lorsque son travail était apprécié, elle se sentait quelque peu valorisée.  En revanche, elle ne s’attendait pas à une réponse de vive voix de la part du capitaine pour la complimenter sur son massage.  Et incapable de contrôler son visage, elle sentit ses joues chauffer et sue qu’elle était probablement devenue rouge. Le Taicho se releva de lui-même, et Nadeshiko en profita pour faire de même, lissant son Yukata par réflexe, avant de se pencher pour ramasser le haut de l’uniforme de son patient et son Haori. Le taicho se tourna alors vers elle, et si Nadeshiko avait été surprise du compliment, le fait qu’il tente de s’incliner pour elle fut un véritable choc, cependant, il manqua de trébucher et se rattrapa au dernier moment. Si elle avait largement eut le temps de le voir s’écraser face contre terre, elle était rassurée de l’avoir vu se rattraper, et un soupir de soulagement franchit ses lèvres peintes alors qu’elle allait pour se rapprocher de lui, la tête basse. Elle s’arrêta cependant alors qu’il ouvrait la bouche pour la complimenter de nouveau.

« Sans vous je serais sûrement encore à terre entrain de maugréer sur ma bêtise. Vous êtes membre de la quatrième division n'est ce pas? Je me rappelle de vous. » Si la voix, tout comme les propos, était agréable à entendre, ce fut un véritable choc.

Il était vrai qu’elle l’avait de nombreuses fois croisé, que ce soit dans les couloirs où lorsqu’elle s’occupait d’Hinamori Momo, mais même la plupart de ses collègues ne se souvenaient pas d’elle – à part les membres de son unité de soin – alors savoir qu’un Taicho l’avait remarqué, était franchement déconcertant. Elle frissonna à cette idée, et garda la tête bien basse – par principe, ne jamais regarder un supérieur dans les yeux, c’est dangereux – avant de faire à son tour une révérence en direction de l’enfant dragon. Si cela pouvait ressembler à un respect extrême, être remarqué par un supérieur pouvait aussi signifier être surveiller sur ses projets, ou encore pour sa personne, en sachant que les traitrises étaient monnaies courantes ces derniers temps, elle se doutait bien que tout le monde pouvait être soupçonné. Mais tout de même, la voir elle, comme une ennemie ? C’était tout de même de la folie. D’autant que si elle, elle était surveillée, qu’en était-il du Taicho de la douzième ? Qui jouait constamment avec les vies humaines, et finissait toujours par lui donner du travail supplémentaire avec toutes les blessures causées. Dans tous les cas, si Nadeshiko avait d’abord était fière de voir que quelqu’un avait reconnu son travail pour ce qu’il était, elle était à présent inquiète.

« Ha… Hai… Tsukino Nadeshiko, huitième siège et chef de l’unité de soin en chirurgie numéro 3, Hitsugaya-Taicho » Annonça-t-elle d’une voix ferme mais toute douce, comme si quoi qu’elle fasse, elle était une créature fragile.

Elle ne savait pas trop quoi dire, ni faire, elle attendait qu’il lui permette de se relever, comme son grade l’exigeait. En revanche, une soudaine fatigue venait à présent d’envahir la rouquine. C’était bien beau de soigner les gens à tout va avec des baumes simplement pour s’assurer que tout ira toujours bien, mais l’usage de son zampakuto était toujours aussi épuisant. *Tu faiblis…* Annonça Ibara no Hime dans sa tête. Et elle avait raison, Nadeshiko faiblissait. D’abord, elle avait l’impression que la chaleur des lieux avait totalement disparue, et ce malgré la disparition des cristaux de glaces créer par le Taicho durant son entrainement. Ensuite, elle sentait le bout de ses doigts s’engourdir, et une tension se glisser le long de sa colonne vertébrale se former comme un étau lourd. Et enfin, elle avait une légère migraine qui se terminerai avec des vertiges douloureux et l’entraineraient vers l’inconscience. En soit, rien d’inhabituel, sauf que voilà, elle n’était pas dans ses quartiers, et elle se trouvait devant un Capitaine de division. Le seul problème qui pouvait encore lui arriver, était que le Taicho recouvre une partie de son reiatsu, à présent qu’il était soigné et détendu, et que cela l’affecte. Avec cette combinaison, la rouquine de trois siècles était sure de s’effondrer avant de dépasser les vingt minutes habituelles.

Pendant quelques secondes, et malgré la tension qui commençait à la tirer vers l’obscurité, la demoiselle à la longue chevelure rousse se permit de détailler l’être qui lui faisait face – sans trop lever la tête non plus. Il n’était pas très grand, à peine une trentaine de centimètre en moins qu’elle-même, un corps nerveux mais musclé, très pale, des poignets fins mais solides, il semblait très souple aussi. Pour le reste, elle s’était déjà permis d’observer son visage de loin, des yeux verts d’eau, ou turquoise selon les langues, un visage déterminé et toujours très fermé, bien que ses sourcils soient assez souvent froncés, preuve visible avec la ride du lion qui s’était formé sur son front. Et une chevelure hirsute blanche, non pas comme la neige, mais comme la cendre, ce qui était en soit très intriguant. Le fait d’avoir massé le dos du capitaine plus tôt lui avait permise d’apprendre que ce dernier possédait un fin duvet tout aussi blanc à la base de sa nuque et le long de sa colonne vertébrale. Si son éveil spirituel définitif n’avait pas encore eut lieu, Nadeshiko n’avait aucun doute sur le fait que l’homme en face d’elle deviendrait superbe une fois adulte, et surtout, qu’il serait doté d’une puissance incroyable. Puissance qui serait définitivement mortelle pour toutes plantes croisant son chemin.

Malgré son habitude d’observer les gens à leur insu, Nadeshiko s’était non seulement égarée, mais la personne concernée l’avait probablement prise en flagrant délit. Elle rougit, et garda la tête bien basse, maugréant contre elle-même dans son esprit, et aidée de son zampakuto pour s’humilier intérieurement. Préférant continuer d’agir comme la huitième siège fragile et obéissante qu’elle était, elle vint donc déplier le haut de l’uniforme du Taicho, et lui reposa sur le dos, l’aidant à enfiler les manches telle une servante chez un noble. Une fois fait, elle l’aida à enfiler de nouveau son Haori, avant de se reculer de quelques pas, la tête toujours basse, et les mains jointes au niveau de ses cuisses, sans mot dire. Un problème subsistait encore et toujours, à son grand regret, celui de son épuisement naturel. Et maintenant qu’elle avait agit, après le massage mais aussi après cette légère discussion, la jeune femme aux yeux d’émeraude se sentait défaillir d’elle-même. Elle prit une lente inspiration, ne sachant que faire ni que dire à l’adresse du Taicho, et pria pour qu’il retourne de lui-même à son bureau ou lui permette de disposer… De préférence, dans les cinq prochaines minutes…  Ou pas…

« Ah… ça y est… c’est l’heure… » Annonça-t-elle d’une voix à la fois pleine de grâce et fébrile.

Et tout fut noir…

Nadeshiko rouvrit les yeux, mais ne vit évidemment pas ce qu’il se passait dans le monde réel. Elle se trouvait face à Ibara no Hime qui lui souriait, sa chevelure pourpre coiffé en ces étranges tresses en forme de croissants sur les cotés bougeant au même rythme qu’elle. La rouquine soupira, son monde intérieur n’avait pas changé en soit, toujours ce petit jardin féerique uniquement composé de fleurs chatoyantes aux parfums merveilleux. Elle secoua la tête, et s’avança lentement vers le kiosque où se trouvait l’espace de détente de son zampakuto. Un havre de paix, si doux et si paisible, seul le parfum des fleurs et leur gout sur le bout de sa langue pour l’enivrer. Ibara vint s’asseoir en face d’elle, sa lourde robe de pétale était bleue aujourd’hui, et elle laissait sur son passage un parfum de violette. Nadeshiko s’était toujours demandé ce qui pouvait arriver si elle buvait un jour le thé qu’Ibara servait dans ses fleurs de lys, mais par principe, boire du thé spirituel, c’était encore très étrange pour elle. La rouquine vint poser ses coudes sur la table de bois de vigne, et appuya son menton sur le plat de ses main, alors que l’arme humanoïde lui souriait avec une douceur emprunte de lassitude.

*Nous sommes encore trop faible pour perdurer ainsi… Le shikai nous affaiblit toujours aussi rapidement…* Expliqua Ibara d’une voix douce.

« Oui… Quoi que nous fassions … Cela ne peut nous garder éveiller que 20 minutes… Pourquoi ? »

*Tu es trop sensible… Tu peux m’utiliser plusieurs fois pendant le shikai… mais tu n’as que vingt minutes pour cela… Parce que ton corps refuse la perte du reiatsu… *

«C’est stupide… Je peux m’épuiser bien plus fortement que ça en travaillant pendant une semaine non stop, et je ne pourrais pas subir une perte minime ? » Ibara haussa ses épaules, avant de boire une gorgée de son thé.

*Tu es trop sensible pour l’instant… C’est tout ce que je sais… Oh… Et tu vas probablement te réveiller sous peu…*

Nadeshiko n’eut pas le temps d’acquiescer, que déjà, les couleurs de son monde intérieur se floutaient, disparaissant dans un tourbillon de sensation et de parfum illusoire. La jeune femme s’attendait à ressentir la douleur d’une bosse sur sa tête, ou celle d’ecchymose sur son dos lorsqu’elle était tombée, mais rien de tout cela ne se fit sentir. Surprise, elle tenta d’abord e ré apprivoiser son corps, comme après chaque inconscience, d’abord le bout de ses doigts, tenter de bouger chaque phalanges pour se réhabituer au toucher. Une fois fait, elle fit de même avec ses orteils, tout était parfait, alors, elle rouvrit les yeux lentement en cas de forte luminosité. La surprise devint encore plus grande lorsqu’elle découvrit les lieux. C’était une petite pièce, pas plus grande qu’un dortoir d’interne, très peu lumineuse, et elle se trouvait d’ailleurs sur un petit lit accolé contre un mur. Cherchant à comprendre où elle était, elle avisa d’abord les lieux de ses yeux émeraudes, à la recherche d’indice… Il y avait une petite table de chevet, un bureau accolé contre, et une chaise, mais rien d’autre hormis de petites étagères sur les murs. Elle referma les yeux, et huma l’air à la recherche d’un parfum qu’elle pourrait reconnaitre, et cette fois-ci un résultat très surprenant fit son apparition.

Une odeur masculine, à peine musquée et couverte par un parfum très doux, proche du beurre de karité, avec une touche fraiche, comme de la menthe tout en étant plus froide… L’odeur de l’eau glacée…  C’était cette dernière fragrance qui était perturbante pour la huitième siège. La dernière fragrance signifiait l’élément du reiatsu, et l’odeur présente ressemblait beaucoup à celle de son dernier patient en date, juste avant qu’elle n’applique le baume à l’hibiscus sur son dos. Non d’une hémérocalle encore bulbe, mais où était-elle ? La rouquine étendit ses jambes, avant de s’asseoir sur le petit lit. Les yeux légèrement dans le vague, elle fit ce qu’elle faisait chaque fois qu’elle s’interrogeait sur quelque chose d’inconnu, et tira sur les rubans et les pics de son chignon large. L’ensemble se défit alors dans un étal de mèches rousse et délicate, qui vinrent retomber soigneusement tout autour d’elle. C’était là l’une de ses plus grandes fiertés, sa chevelure, si longue et si soyeuse, parfumée  à la rose et au jasmin. Aucune femme dans tout le seireitei ne pouvait se vanter d’avoir hérité d’une chevelure aussi noble que la sienne, pas même celles de la noblesse du moment. Nadeshiko vint coiffer les mèches rousses qui étaient désormais éparpillées tout autour d’elle et qui touchaient même le sol avec ses mains, pour pouvoir se recoiffer après. Ces gestes là lui permettaient souvent de se perdre dans une réflexion intense, et ce, jusqu’à-ce que ses cheveux soient de nouveau monté en chignon sur sa tête.

Elle ne vit donc pas le taicho revenir dans la pièce avec deux verres, ni même le sentit. Les yeux clos, ses longs cils bougeant sous ses paupières comme si elle rêvait, elle continuait de démêler ses cheveux du bout des doigts, déliant les boucles rousses avec délicatesse de leurs nœuds. Une fois l’ensemble démêlé, elle en fit trois branches, et les tressa chacune, avant de lier l’ensemble et de le torsader sur sa tête. Elle attacha l’ensemble avec les rubans bleutés, puis y planta ses pics décoratifs aux nombreuses perles, avec pour seule et unique conclusion qu’elle se trouvait dans le dortoir du Taicho, et qu’elle devait véritablement entrainer son shikai le plus possible. Elle rouvrit alors les yeux, et croisa les prunelles turquoise du Taicho, et la surprise de cela la laissa incapable de dire quoi que ce soit où d’agir. Ainsi donc, assise sur sa jambe droite, repliée sous ses fesses, les mains toujours hautes pour la coiffure, ses bras nus par l’effet de l’apesanteur sur les manches de son yukata, elle fixait le jeune homme à la chevelure hirsute et blanche sans comprendre.

Il y eut donc quelques secondes d’embarras, pendant lesquelles un silence étrange s’était posé entre eux.  Mais ses secondes ne durèrent pas, et Nadeshiko reprit parfaitement le contrôle de son esprit. La shinigami de trois siècles reprit donc très rapidement conscience qu’elle était en présence d’un supérieur, celui-là même dont elle s’était occupée plus tôt et qui avait due être son bienfaiteur lors de sa chute. Elle replia donc son autre jambe sous son séant, et une fois entièrement sur ses genoux, elle se pencha en avant pour s’incliner devant le Taicho, les mains désormais sur le bord du matelas.

« Je suis vraiment navrée de vous avoir infligée ma présence, Hitsugaya-Taicho, et vous remercie de votre prévoyance à mon encontre. » Prononça-t-elle d’une voix douce bien que gênée, avant de se relever, lentement, croisant une fois encore les prunelles du Capitaine. Ses jours devinrent d’ailleurs roses lorsqu’elle repensa à son commentaire au sujet de celui-ci, mais garda le silence.

Il n’y eut qu’un fragment de secondes, avant la réponse du Taicho, qui déposa un plateau avec du thé et des biscuits sur la petite table aux cotés du lit. Il lui assura ensuite qu’elle n’avait pas à s’excuser, et que l’aide avait été réciproque, d’autant qu’un soldat à terre était déjà suffisant. La rouquine se redressa donc totalement, bien que toujours légèrement rose de se retrouver face au Taicho. Si intérieurement elle devait bien admettre que sa figure d’enfant pouvait être adorable et détruire le respect due aux grades, elle avait été éduquée pour la soumission aux supérieurs – et à la plupart des gens – par sa mère, il lui était donc très complexe de faire autrement. D’autant que même si le jeune homme était probablement plus jeune qu’elle – tant d’apparence que réellement – il était définitivement plus puissant, et ne manquait que son éveil spirituel final pour grandir, donc en soi, il lui était supérieur qu’importe la situation. Et pour finir, son statut de patient avait disparu à la seconde où il s’était relevé, c’est pourquoi elle ne pouvait plus se permettre la familiarité habituelle qu’elle portait à ses protégés, et seulement le respect qui lui était dû. Nadeshiko le vit ensuite se reculer et fermer les yeux, pour finalement reprendre la parole.

Il annonça donc qu’il était certes son supérieur, mais qu’elle n’était pas obligée de toujours user du protocole avec lui. Pour autant, qu’importe la signification de cette phrase, celle-ci fit rougir plus qu’outre mesure la jeune femme, qui baissa immédiatement la tête de nouveau et se cacha derrière sa longue frange. C’était probablement le tout premier à lui demander cela, les autres étaient des adeptes de la soumission des membres qui leurs étaient inférieurs, ou tout simplement prenaient plaisir à la rabaisser elle et les autres membres de la 4e division… - Avec une exception pour les membres de la 11e qui semblaient l’adorer pour une raison inconnue –Quoi qu’il en soit, ses propos étaient plus que surprenant pour la rouquine, mais surtout, très agréable, et une certaine chaleur grandit en sa poitrine, comme un sentiment de reconnaissance enfin obtenue. Incapable de s’en empêcher, elle sourit, non pas comme les sourires habituellement destinés à ses patients en pleine guérison, mais bien un sourire sincère et heureux, l’un de ces sourires qu’elle avait toujours destiné à la seule personne qui l’avait aimée… Himeguma… Sa mère.

«  Reposez-vous le plus possible pour récupérer, je vous ais apporter du thé et les biscuits. » Dit-il ensuite, il semblait d’ailleurs un peu gêné, c’était presque imperceptible, mais une légère fluctuation dans son réiatsu s’était sentie. « C'est à présent à moi de veiller sur vous tant que vous n'êtes pas rétablie »

Nadeshiko releva brusquement la tête pour le fixer de nouveau, une expression de pure surprise sur le visage. Veiller sur elle ? Mais… Pourquoi donc ? Il avait rouvert les yeux, et machinalement, elle s’était permise de croiser son regard… C’était quelque chose qu’elle ne faisait normalement jamais. Elle avait toujours gardé la tête baissée, et n’avais jamais croisé le regard d’un capitaine, se surprenant d’ailleurs lorsqu’il y avait changement suite à une retraite ou un décès, puisqu’elle entendait alors quelqu’un d’autre. Mais là, c’était plus fort qu’elle, et elle se sentait presque hypnotisée par son regard. Dans sa tête, une voix féminine ricana légèrement – « Il te plait même sans son éveil spirituel ! »- «Tu !... Je peux très bien mettre le feu à ton kiosque si tu m’embêtes ! »- Cette conversation intérieur avait cependant était largement suffisante pour ramener à l’esprit de Nadeshiko l’image du jeune homme lorsqu’elle le massait, et l’idée qu’elle s’était fait de lui après son éveil spirituel. Si on ajoutait à cela le fait qu’Ibara déblatérait désormais sur le fait que sa propriétaire était d’ailleurs dans le lit du concerné, il était clair que Nadeshiko aurait bien aimé se cacher dans un sac en papier voir s’enfuir dans ses appartements privés.

Heureusement, il ne s’était pas écoulé plus de deux secondes entre les dernières paroles du Taicho, et la fin de ses réflexions, c’est pourquoi elle finit par soupirer, avant de sourire avec douceur à l’adresse de ce dernier. De toute façon, elle se voyait mal refuser l’aide d’un capitaine, et même si elle se sentait désormais beaucoup mieux, ayant récupérer de sa perte soudaine de reiatsu, elle ne prendrait que le thé avec lui, puis rentrerai à sa division le plus rapidement possible. Elle se replaça correctement, et vint se déplacer dans un coin du lit, pour se remettre sur ses genoux, laissant ainsi l’autre moitié du lit comme siège pour le Taicho. « Vous aussi, vous avez besoin d’une assise confortable, et votre lit me semble bien plus agréable que la chaise… » Avait-elle dit avec un sourire toujours aussi tendre sur les lèvres. En attendant qu’il ne réponde ou s’exécute, elle s’était emparé du petit plateau posé sur la table de nuit, et l’avait gardé en l’air pour le poser, une fois qu’il serait installé, entre eux.  Elle déposa ensuite son nouveau fardeau entre eux, quelle cala correctement pour ne pas le faire tomber ni renverser son contenu, avant de se saisir de l’un des verres et de le posée en direction du Taicho. Si elle avait cédée et acceptée de ne pas s’incliner toutes les deux secondes – elle devait d’ailleurs se retenir de le faire – elle avait tout de même conservé l’habitude de servir les autres avant elle.

Cependant, alors qu’elle attendait qu’il ne récupère son verre pour se servir à son tour, Nadeshiko s’était de nouveau perdue dans ses pensées. C’était bien la première fois depuis des siècles qu’elle n’avait pas bu un thé en compagnie de quelqu’un d’autre que sa conscience florale, et même si Ibara était désormais en train de chanter à tue tête des balades amoureuses dans son esprit, c’était assez agréable. La rouquine soupira de nouveau, mais de bien-être cette fois-ci, les yeux à demi-clos, elle observait toujours le capitaine sous la barrière de ses longs cils noirs, et bien malgré elle, le voyait désormais sous l’idée qu’elle s’était faite de lui avec l’éveil spirituel. S’il était évident qu’une fois ce fait arrivé, elle ne serait même pas capable de tenir dans la même pièce que lui avant de s’effondrer sous l’impact de son reiatsu, il était clair qu’il deviendrait plus que merveilleux, et son comportement avec elle dés maintenant l’amènerait à devenir l’un des partis les plus intéressants possible aux yeux des femmes. Elle pouvait déjà entendre les hurlements des infirmières de sa division à son sujet, comme lorsqu’elles s’extasiaient sur cet idiot de Kuchiki-Taicho. Lorsque cela arrivera, elle devra alors trouver un moyen plus fort encore pour conserver sa santé mentale sous les cris de ses consœurs. Inconsciente de prendre la parole, elle prononça une phrase pour elle-même, mais qui s’avéra parfaitement audible malgré sa voix lointaine et paisible.

« Vous êtes bien étrange, Hitsugaya-Taicho… »

Nadeshiko se figea brutalement lorsqu’elle comprit que sa pensée avait franchit ses lèvres sans son autorisation, et une couleur pourpre vint s’emparer de ses joues constellée de tache de rousseur. Elle baissa furieusement la tête pour ne plus croiser le regard interrogateur du Taicho, se demandant pourquoi elle avait pensé à voix haute. De toute évidence, les balades amoureuses chantées par Ibara dans son esprit étaient plus forte qu’elle. La huitième siège se frappa plusieurs fois mentalement, tout en prenant note le fait que le Taicho était désormais assis en face d’elle – avec pour seul barrage entre eux deux le plateau avec le thé – et qu’il semblait profondément surpris de ses propos. En même temps, on ne devait pas lui dire ça tous les jours. Non en fait, il était clair que cela pouvait ressembler à un manque de respect flagrant, mais elle ne l’avait même pas fait exprès. Il la questionna donc sur ses propos, cherchant probablement le sens caché de sa phrase, et accentuant les rougeurs de la pauvre médecin.  Que dire ? La vérité ? Cela risquait de la mettre dans son collimateur, et ce n’était pas forcément une bonne idée…

La jeune femme de plusieurs siècles hésitait à présent à relever la tête, mais un bruissement de tissus finit par attirer son attention, le Taicho avait tourné la tête, froissant son uniforme ainsi que son haori, et fixait le mur. Il était étrange de le voir si fermé et pourtant… si ouvert. En un sens, s’il avait beau être l’un des Capitaines les plus fermés qui soient en matière de sociabilité, Nadeshiko fut surprise de découvrir que son reiatsu, aussi glacial soit-il, était un livre ouvert pour elle. Il était gêné, surpris… Un peu comme un jeune homme normal pris en faute. De nouveau, elle ne put s’empêcher de le détailler, contrairement à ce qui aurait dû être, il avait de longs cils noirs… Noirs… Avec une chevelure immaculée ? Plusieurs fois en son esprit, en observant de loin le Taicho, elle n’y avait pas vu de référence à la neige ou la glace, mais bien la cendre… Etait-ce un traumatisme ? Elle se voyait mal le lui demander, d’autant qu’elle devait répondre à sa question après la remarque sur son étrangeté. Dans tous les cas, même sous cette apparence juvénile… Il était très beau… Elle l’aurait bien dessiné… Si elle savait dessiner les portraits autrement qu’en coupe latérale et exempté de peau…

« Je suis… plus que sincèrement désolé… Cela à dépassé ma pensé… mais… » Elle soupira et rougit… Baissant de nouveau la tête, même si l’observation était très agréable – le problème étant le retour d’Ibara qui chantait à tue tête – elle n’en avait véritablement pas le droit. « Vous… Vous êtes étrange… à mes yeux du moins… Mais… Pas dans le mauvais sens ! C’est juste… » Comment formuler des mots et les mettre sur des ressentis lorsque nos seules conversations depuis deux cent ans ne concerne que le domaine médical ? Elle ne savait vraiment pas comment exprimer sa pensé autrement que par le mot étrange… Pourtant, elle se devait de le faire, il était capitaine et avait demandé des explications… Elle soupira de nouveau, les joues toujours bien roses, et finit par se tortiller le bout des doigts entre eux. « Et bien je… Je vous trouve… différent… Des autres capitaines… Et des autres shinigamis en soi… » Pendant un instant de silence, elle cru qu’elle avait fait une bourde, et cru bon de le préciser en paniquant « Pas du tout à cause de votre aspect juvénile ça non ! Non justement, là je sais surtout ce que cela signifie concernant votre futur mais… »

Elle rosit en repensant à ses pensées précédentes, mais finit par terminer son explication d’une voix très douce, et parfois rêveuse. « Vous êtes différents parce que vous m’avez rattrapé tout à l’heure… Vous ne m’avez pas vu comme un vulgaire membre de la 4e… Vous avez eut de l’attention pour une personne inferieur à votre rang… et… Vous n’avez jamais courbé le dos… Devant les autres… Ceux qui vous voient comme un enfant… Je sais que je ne devrais pas observer qui que ce soit pour des raisons de protocole évident, mais cela a toujours été plus fort que moi… Et je vous ais déjà vu… Vous êtes l’un des rares shinigami à rester fidèle à son mantra quoi qu’il se passe… Avec… les effets de la trahison d’Aizen, vous êtes l’un de ceux qui a le plus souffert, et pourtant, au lieu de repousser tous ceux qui veulent vous aider froidement, c’est comme si… c’est comme si vous leur souriez et leur disiez qu’à compter d’aujourd’hui… Vous ne vous écroulerez plus et éradiquerez toutes menaces qui pourraient les toucher eux ou vous…  Et je… Je trouve que pour cela, au lieu de dire ouvertement que vous serez plus puissant par amertume, ça vous rends différents… et… enfin… Vous êtes étranges parmi les autres… Un… Un soleil au milieu des nuages… »

Elle lui avait alors offert un sourire purement et simplement radieux, avant de soudainement comprendre qu’elle avait dérivé de sa pensé, une fois encore, et que ses propos pouvaient définitivement la faire passer pour ce qu’elle n’était pas. Elle prit donc une jolie teinte pivoine, baissa les yeux, récupéra son verre et se cacha derrière celui-ci comme si la fumée de la boisson chaude pourrait la cacher du regard de son vis-à-vis. Par réflexe, elle se mordilla la lèvre inférieur, et tenta de cacher la gêne mais aussi la honte d’avoir fait défiler ses pensées aussi rapidement. Il était clair que ses propos étaient devenus admiratifs, véritablement, et qu’en plus de cela, elle avait clairement admis l’avoir plus qu’observé… En soi pas plus que les autres, Nadeshiko étant un radar pour connaitre les gens simplement en reconnaissant leur reiatsu ou en les observant de loin – bien qu’un petit tour sur leur dossier médical lui permettait d’en apprendre tout autant, si ce n’est plus. Elle soupira, de toute façon, il était trop tard à présent, elle avait déjà donné le fond de sa pensé…

« Je… Veuillez m’excusez… Hitsugaya-Taicho… C’était inapproprié et désinvolte de ma part de parler de vous ainsi… » Elle n'osait même plus relever la tête, et sa voix était à présent plus que lointaine et fragile.

Nadeshiko s’était bel et bien rendue compte que justifier au Taicho que sa différence ne venait pas de sa taille était une bonne chose, puisque ce dernier s’était fustigé à ce sujet. Mais même à présent, la jeune femme à la longue chevelure rousse ne savait véritablement plus où se mettre. Non seulement elle avait outrepassé ses droits protocolaires, mais elle l’avait exprimé en présence du concerné, concerné qui n’était pas un simple soldat mais bien un capitaine. En tous les cas, elle aurait normalement due recevoir une sanction pour avoir non seulement bafoué les droits de vies privés de ses supérieurs, mais aussi pour avoir parlé sans autorisation et ainsi de suite. Et la rouquine aurait parfaitement compris la sentence, elle l’aurait acceptée sans bouger, avec sa soumission naturelle ancrée dans chacun de ses traits. Le Taicho avait pourtant était mis mal-à-l’aise, elle l’avait vu, avec ce visage pourtant si doux et neutre qui était devenu tantôt colérique, tantôt rouge de honte. Et elle était hélas, fautive de son état.

Cependant, aucune sanction ne vint, aucun cri de rage, ni grondement sourd, rien. Un étrange silence régna sur la pièce étroite dans laquelle ils se  trouvaient tous deux, à la fois surprenant et étrange. Toujours inquiète– et ce malgré les chants terribles que lui faisait subir son zampakuto – Nadeshiko osa un timide coup d’œil en direction du Taicho de la dixième division. De nouveau, les émeraudes croisèrent les turquoises, mais ce n’était même plus un problème, c’était presque devenu normal, et elle en fut d’autant plus surprise, puisqu’elle trouva dans ce regard ordinairement composé de glace, une douce compassion à son égard. La rouquine ne savait donc pas à quoi s’attendre, et dans tous les cas, qu’importe les scénarii qu’elle avait annoncé en son esprit, aucun ne correspondait à ce qui allait suivre. La pièce lui sembla d’ailleurs bien trop petite une fois le discours du Taicho prononcé, trop petite pour la joie et le sentiment de reconnaissance qui s’étaient emparé de son cœur avec une force qu’elle ne soupçonnait pas. L’espoir qu’un jour, la 4e division ne soit pas une division où l’on considérerait ses membres comme les faibles et reclus de l’académie.

Ainsi, il lui tint à peu prés ces propos, du moins différemment, mais le sens était le même. Il l’avait félicité pour son courage d’avoir admit le fond de sa pensé – folie de sa part d’ailleurs – et commencé à parler du métier des membres de la 4e. Le Capitaine donna alors son point de vu sur les gens de sa division, ceux qui luttaient pour conserver les autres en vie sans jamais recevoir les mérites de ce labeur. Il parla ensuite du fait que c’était la 4e qui voyait les gens se battre et mourir sans cesse, et termina ensuite par le fait que la personne la plus courageuse dans cette pièce, n’était pas du tout lui en sa qualité de Taicho, mais bien elle, huitième siège qui était venu à sa rescousse lorsqu’il avait eut besoin de soin. Mais sa dernière phrase figea totalement la rouquine dans sa gestuelle, incapable de reposer sa tasse, ou même de cligner des yeux. Il l’avait trouvé admirable, et plus encore, avait usé de son prénom. S’il y avait bien une chose qu’elle savait, c’était que l’usage des prénoms dépendait la plupart du temps des émotions de la personne qui les utilisait à l’encontre de la personne visée. C’est ce moment que choisit Ibara pour prononcer dans l’esprit de la rouquine d’une voix aigue « Oh ? Parce que c’est réciproque en plus ?! »

De nouveau, la shinigami à la peau de porcelaine proche de celle des écossaises d’un temps révolu prit une violente teinte rouge, le sang affluant à ses joues, alors qu’elle se tendait comme la corde d’un arc bandé, et crispais ses mains sur le verre. « Il a dit ton prénom ! » scandait désormais Ibara en boucle, probablement la plus joyeuse des deux. Nadeshiko, elle, était incapable de dire un seul mot, les yeux grands écarquillé comme si elle avait vu le Capitaine de la 12e division en kimono fleurit rose avec des perles sur la tête, la saluer avec un grand sourire et partir à la chasse aux papillons juste après.  La rouquine en avait même oublié de respirer tant le choc avait été violent, et continuait de fixer, incrédule, le Taicho qui lui faisait face, légèrement encore rouge de ses propres paroles. En fait, il y avait eut trop de chose étrange aujourd’hui, d’abord un Taicho autre que le sien qui se souvenait de son existence, ensuite, ce même Taicho l’empêchait de faire une chute après usage de son shikai et l’emmenait dans son dortoir, et maintenant, il usait de son prénom pour l’appeler. Une très forte envie de partir en courant s’immisça en elle en même temps qu’Ibara no Hime criait qu’il fallait qu’elle se jette sur lui et fasse de lui un homme, histoire de voir si cela pouvait achever l’éveil spirituel.

« Hiiiiiiiiii ! »

L’ensemble de ces choses fut évidemment de trop pour Nadeshiko, qui bascula sur le coté violemment. Elle tenta de se rattraper au drap qui était posé sur le lit, mais là encore, les malheurs n’arrivent jamais seul, c’est pourquoi elle agrippa le Haori du Taicho, et l’entraina avec elle dans sa chute. Sa tête tapa le coin de la table de chevet, et elle vit trente-six chandelles pendant une longue seconde, avant de constater l’étendue des dégâts. Constat qui la força à reprendre une couleur plus rouge encore que les baies de la belladone au printemps, la fuite aurait définitivement été une meilleure option. Car désormais, étendue sur le sol de la petite chambre, ses jambes dévoilées par la fente de son yukata, entremêlées à celles du Taicho à l’apparence juvénile, ce dernier ayant la tête juste en face de la sienne, l’un de ses bras sous son dos, et le regard ancré dans le sien avec une force sauvage. C’était la un enchevêtrement de membre et de tissus improbable, et le cœur de la rouquine avait définitivement cessé de battre alors qu’elle constatait le souffle glacial du Taicho rebondissant sur ses propres lèvres.

Le suicide était-il possible chez les shinigamis ?

Nadeshiko était purement incapable de bouger, elle était d’ailleurs impressionnée par les sensations qui se bousculaient désormais dans son corps. Elle avait l’impression que son souffle ainsi que son sang s’était glacé en elle, incapable de reprendre leurs rythmes vitaux, tandis que les battements de son cœur étaient désormais si rapides qu’elle en avait très chaud. Incapable non plus de quitter le regard du Taicho, elle se sentait comme hypnotisée par les prunelles qui la toisaient du dessus. En revanche, le contact avec le Taicho lui donnait des envies de suicide pur et simple. Il était étendu sur elle, ses lèvres trop proche des siennes, et sa mèche de cheveux blancs lui chatouillant le front. De même, si l’odeur de la pièce l’avait surprise au début, le fait de sentir le propriétaire de ce parfum contre soi n’était définitivement pas la même chose. La rouquine était d’ailleurs toujours aussi rouge, mais rien n’y faisait, et elle avait la vague impression que le temps se moquait d’elle et que les secondes de torture s’étiraient pour la laisser dans cette situation insoutenable.

« Je...Tu...Enfin...nous » Le Taicho semblait lui aussi perdu, et malgré elle, la shinigami eut envie de poursuivre avec les pronoms personnels qu’il avait oublié.

L’ironie était bien l’un de ses traits les plus dominant, quand bien même elle arborait cette posture soumise constante. Cependant, même si l’ironie venait hanter son esprit, elle était toujours incapable du moindre mouvement, et sa tête était bercée par les « embrasses-le » de son zampakuto, qui rêvait depuis des années de faire vivre à sa propriétaire une idylle fleur bleue. En soi, c’était à la fois comique et purement cynique de sa part, mais c’était une partie d’elle quand même. Une partie d’elle qui aurait aimé être vue comme une femme avant d’être médecin, et qui aurait apprécié de transmettre la  vie comme sa mère l’avait fait avec elle. Heureusement pour Nadeshiko, le Taicho décida clairement de reprendre les choses en main, et de se relever pour les débarrasser de leur gêne mutuelle. Du moins c’est ce qu’elle croyait, car le pire était encore à venir. Et le pire, était non seulement plus rapide qu’elle, mais aussi très sadique.

L’action ne dura qu’une fraction de seconde, mais même ainsi, il était trop tard pour changer les choses. Le plateau de thé s’était renversé, tant sur eux que sur le sol, et le capitaine avait tenté de se relever en oubliant de prendre cela en compte. Sa main glissa, son torse reprit contact avec la poitrine de Nadeshiko, à l’instant même où leurs lèvres se scellaient violemment dans un baiser non voulu. Si la rouquine trouvait les battements frénétiques de son cœur trop nombreux plus tôt, il était clair que l’absence totale de battement était pour le moins surprenante. Quelques secondes passèrent ainsi, sans que ni l’un ni l’autre ne bouge, à tel point que Nadeshiko, qui avait reprit ses esprits – en partie – s’était mit une baffe mentale pour avoir pensé au fait qu’elle avait apprécié malgré l’incongru de la chose. C’était là son tout premier baiser, et il avait fallut que cela soit un Capitaine que le lui donne. Si le destin ne s’acharnait pas sur la noble du Rugonkai, alors, elle ne savait pas ce que c’était. Le Taicho rompit alors baiser, et recula très légèrement son visage du sien, mais elle pouvait toujours sentir son souffle glacé sur ses lèvres.

Le Taicho finit par s’excuser de cet acte qui semblait purement illégal, mais l’esprit de rébellion de la jeune femme, aussi connu sous le nom d’Ibara, semblait trouver cela parfaitement inutile. Pire, les sensations déclenchées par ce baiser dans le corps de la rouquine confirmait les dires de son Zampakuto. Au dessus d’elle, Hitsugaya Toshiro était aussi rouge que les pétales d’un calla-Lili, et ne semblait pas en reste. Elle le vit cligner des yeux, avant de replonger son regard dans le sien, et une fois encore, Nadeshiko voulut se pendre, tout simplement, alors qu’elle frémissait sous le souffle qui lui caressait les lèvres.  Pourquoi s’était-elle levée ce matin ? Il était clair que cette journée là n’était pas pour elle ! Le capitaine annonça alors qu’il ferait mieux de se lever, mais malgré cette annonce pour le moins raisonnable, il ne bougea pas. Et si le cœur de Nadeshiko recommença à faire des embardées rythmiques rapides, elle-même n’arrivait toujours pas à bouger non plus. Prisonnière d’une étreinte involontaire, la huitième siège ne parvenait même plus à réfléchir correctement, entre la présence du jeune homme allongé sur elle, et la voix de son zampakuto qui hurlait dans sa tête, la confusion régnait.

« Ce serait pour le mieux… Oui… » S’était-elle entendue dire sans vraiment y faire attention.

Mais là encore, il n’y eut aucun mouvement de la part du Taicho, et Nadeshiko aussi était dans l’incapacité la plus totale de réfléchir et de bouger. Perdue dans l’océan glacial de ses prunelles turquoise, la guérisseuse se sentait à la fois euphorique et perdue. En plus de trois cent ans d’existence, jamais elle n’avait été confrontée à pareille situation ni ressentit. Il était évident que la bonne chose à faire, était de se relever chacun de son coté, et d’oublier cet étrange coup du sort qui les avait réunis dans cette position des plus indécentes. Pourtant, si Nadeshiko avait décidé de bouger à son tour pour se relever définitivement, son corps n’agit absolument pas dans cette optique. Elle appuya ses mains sur le sol à son tour, mais au lieu de bouger le reste de son corps pour se décaler, elle resta ainsi, se rapprochant toujours plus de l’inévitable. Même si elle était plus que terrifiée de ce qu’elle faisait, elle ne parvenait définitivement pas à résister, pire qu’un aimant. Son cœur tambourinait contre sa poitrine avec force, et elle pouvait sentir les battements cardiaques du Taicho contre les siens malgré les couches de tissus qui les séparaient. Et ce qui était affolant, c’était qu’elle n’avait aucune envie, pour la première fois de sa vie, de faire les choses en bonne et dues forme.

« Pour… le mieux… » Répéta-t-elle d’une voix lointaine.

Les yeux à demi-clos, elle se demanda quelle sanction elle risquait si elle cédait à ses pulsions, mais jamais le reste de la question ne parvint à son esprit. De nouveau, les lèvres de la jeune femme rencontrèrent celles du prodige, et le contact en fut tout aussi électrisant que la première fois. Son cœur rata un autre battement lorsqu’elle réalisa ce qu’elle était en train de faire, mais il était déjà trop tard… et c’était si merveilleux…  Nadeshiko ne s’était jamais douté qu’un baiser pouvait avoir une saveur aussi incroyable. Si son corps réclamait plus, cependant, elle finit par revenir à la réalité comme si on avait apposé les deux faces d’un défibrillateur sur sa poitrine. La vérité eut l’effet d’une véritable douche froide, et elle rompit le baiser rapidement, devenant plus rouge encore que les décorations de sa chevelure, alors qu’elle se propulsait en arrière avec ses jambes. Choquée par sa propre audace, elle eut à peine le temps de croiser le regard turquoise du Taicho alors qu’elle s’agenouillait devant lui et s’inclinait entièrement sur le sol en guise d’excuse avec l’horrible impression que la mort allait l’envahir.

« Je vous supplie de me pardonner, Taicho… J’ai largement outrepassé mes droits et accepterai toutes sanctions de votre part pour mon comportement dés plus inappropriés… » La voix rendue fragile par la terreur qui l’habitait, elle était pourtant incapable d’oublier la sensation merveilleuse qui avait remplit son cœur lorsque les lèvres d’Hitsugaya Toshiro étaient rentrées en contact avec les siennes…

Nadeshiko ne bougeait toujours pas, des frissons d‘horreurs étaient à présent mêlés à ceux de plaisir qui étaient né en elle lors du baiser, et cet ensemble la parcourait comme la sève s’achemine dans les racines d’un grand Saule. Tremblante, elle était totalement crispé, ses ongles longs se plantaient dans ses paumes, alors qu’elle gardait le visage contre le sol, et attendait qu’arrive la sanction. Cela pouvait être un coup tout comme un séjour en cellule, mais là n’était pas le problème de la rouquine. Non, elle pouvait très bien recevoir les coups et passer 3 jours enfermés, elle tiendrait parfaitement, l’habitude des humiliations lorsqu’elle nettoyait les latrines dans ses débuts ou encore lorsqu’on l’oubliait dans une salle d’opération et qu’on refermait la porte. En revanche, il était clair qu’elle avait un problème. D’abord son séjour sur terre censé la ressourcer, puis sa rencontre avec l’ancien taicho Hirako, leurs péripéties de trois jours, et maintenant ça… En trois cent ans de vie, elle n’avait jamais eus de problème de ce genre concernant ses hormones et ses envies avaient toujours été reléguées dans un coin de son esprit. Inutiles et lointaines. Elle n’avait jamais plus repensé à cela, même lorsque l’association des femmes shinigami s’était amusée à divulguer un catalogue sur les plus beaux spécimens masculins et que celui-ci avait circulé dans toute sa division.

Non, elle n’avait jamais ressentit cela, pour personne ni jamais d’ailleurs, et elle n’avait jamais imaginé que cela puisse arriver aussi tardivement non plus. Mais voilà, que ces envies pourtant présentes à l’adolescence venaient la hanter avec force, perturbant ses habitudes et son cœur, et surtout, la mettant en danger si elle ne contrôlait pas l’ensemble rapidement. Ce cheminement de pensée la fit donc presque oublier qu’elle était dans le dortoir du Taicho, et qu’elle s’apprêtait à recevoir une sanction de sa part, c’est pourquoi, lorsqu’il en parla, elle fut surprise. Il s’était assis sur le sol encore humide et semblait réfléchir. La voix du jeune Capitaine résonna alors avec un non à la fois sûr et pourtant fragile. Elle le sentit plus qu’elle ne le vit, se rapprocher d’elle, mais surtout, il releva son visage en lui attrapant le menton et plongea son regard dans le sien. Une fois encore, l’envie de capturer les lèvres du shinigami qui lui faisait face était très forte, mais elle se retint tout mouvement, même lorsqu’il retira sa main de son visage  alors qu’il lui disait qu’elle n’avait rien fait de mal, bien que ce soit contre le règlement. Il finit par se redresser lentement avant de lui tendre la main, probablement pour l’aider à se relever.

Les paroles suivantes la laissèrent plus que pantoise, alors qu’elle se relevait grâce à lui, telle une automate. Il disait que la seule sanction qu’il pourrait lui donner était de rester encore un peu, et naturellement, cette phrase raviva la joie d’Ibara no Hime, qui repartit dans un concert de chansons d’amour. Une question traversa d’ailleurs l’esprit du médecin, si Ibara était son autre partie d’elle, comment pouvait-elle être aussi exubérante et connaitre autant de chansons ? – « Can you feel the love tonight ??? »-Elle soupira malgré elle, avant de constater que la main du Taicho enserrait toujours la sienne, et cela la fit rougir de nouveau, ainsi qu’accélérer les battements de son cœur de façon agréable. Ne comprenant pas trop la situation, la rouquine avait malgré tout envie de fuir et chasser cette pulsion insoutenable qui lui disait de gouter une fois encore aux lèvres du Taicho. Ce dernier était d’ailleurs très rouge, et semblait ne pas savoir où poser ses yeux, ni où se mettre.

« Est-ce que tu...Revoudrais un peu de thé peut être? » Finit-il par demander, et cela prit la jeune femme – ainsi que l’expansion de son âme – totalement de court.

Elle papillonna plusieurs fois des yeux, allant du plateau renversé sur le sol au regard turquoise du capitaine. C'était totalement hors de propos, et elle devait bien admettre qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’elle voulait… En fait, si, elle savait parfaitement ce qu’elle voulait, et c’était purement interdit ainsi qu’une très mauvaise idée, et ce, même si Ibara disait le contraire. Il était clair qu’elle devait partir, le plus rapidement possible même, avant de céder une fois encore. Pourtant, elle n’en avait pas envie non plus. Inconsciemment, elle resserra sa main sur celle du Taicho, comme si cela pouvait changer grand-chose à ce qu’elle ressentait… Un beau bordel. Durant une seconde à peine, elle loucha sur la bouche rosée du Taicho, et ses joues prirent feu instantanément, lui assurant qu’elle devait vraiment quitter les lieux avant qu’une bêtise ne soit faites. Mais comment faire sans que le shinigami ne la retienne ? Une idée lui vint, mais ce n’était pas la meilleure non plus, et encore faudrait-il que son geôlier involontaire n’obéisse. Inconsciemment, elle se mordilla la lèvre inférieur, et un frisson la parcouru alors que la saveur de celles du Taicho lui revenait en bouche, elle se maudit quelques instants, avant de reprendre la parole d’une voix très hésitante.

« Je… Je n’ai pas soif… Merci… » Elle déglutit et plissa les lèvres, légèrement tremblante, avant de demander très doucement « Taicho ? Est-ce que… ? Est-ce que vous pourriez… fermer les yeux une minute, s’il vous plait? »

Toujours tremblante, elle fut plus que surprise de constater que ce dernier finit par obtempérer, toujours légèrement rouge. Ni une ni deux, sans se détacher de sa main, elle récupéra sa sacoche et la replaça sur sa hanche, et se prépara à lâcher la main d’Hitsugaya pour se mettre à courir jusqu’à sa division. Cependant, alors qu’elle bougeait légèrement pour se détacher de lui, les pulsions furent plus fortes qu’elle. Incapable de résister à cet appel vers la folie, la rouquine se rapprocha de lui. Il faisait bien trente centimètres de moins qu’elle, pourtant, il était toujours aussi impressionnant de le voir ainsi en face d’elle. D’une main, elle détacha le petit ruban rosé fleurit et décoratif qui ornait son Hobi, et se défit de la main du Taicho très lentement pour venir attraper l’autre partie du ruban et l’entourer autour du cou du jeune homme, le serrant ainsi contre elle. Incapable d’agir normalement, incapable de réfléchir autrement, elle se pencha délicatement sur son visage et, lorsqu’elle sentit le souffle glacial sur ses lèvres, elle rougit avant de murmurer d’une voix presque aimante « Puissions nous nous revoir … » Avant d’embrasser une dernière fois le Taicho, presque avec passion. Goutant plusieurs fois ses lèvres, elle finit par rompre le baiser et disparu dans un tourbillon de tissus noirs, s’échappant dans une course effrénée de la 10e division sans que quiconque ne puisse l’arrêter et laissant Hitsugaya avec ce ruban soie autour du cou.

Le cœur encore battant d’une série de baisers hautement interdits…