C'est dans une ambiance tamisée, la flamme d'une chandelle vacillant doucement sous la brise de la nuit qui entre par la fenêtre ouverte, que vous retrouverez Aiko ce soir là. Penchée sur son bureau, ses cheveux tombant sur son visage, le dos courbé et une mine fatiguée. C'était la vie d'une capitaine: les tonnes de dossiers à remplir. Et bien que Kira Izuru l'aidait grandement - d'ailleurs, elle se demandait régulièrement ce qu'elle ferait sans lui - il lui restait tout de même, souvent, une pile de dossiers qui prenaient la nuit toute entière à remplir. Ceci était une de ces nuits. Entre les dossiers et les signatures, souvent, elle levait la tête et observait un instant le ciel de nuit par la fenêtre. La brise s'infiltrait doucement dans la pièce, lui apportait une fraîcheur appréciée.

C'était une de ces nuits où elle aurait voulu sortir se promener sous les étoiles. Une de ces nuits où le calme aurait été roi. Un moment, les pensées d'Aiko vagabondèrent vers Kuchiki Byakuya, et cette nuit où elle l'avait croisé dans les rues, sous les étoiles et la lune. C'était une nuit comme celle-là. Mais cette fois, elle était seule... Bien que sa solitude ne lui était pas trop pesante pour l'instant. La san ban tai Taicho laissa filtrer un soupir entre ses lèvres, et ses pensées revinrent sur la tâche présente. Elle jeta un coup d'oeil à la pile de dossiers qui restaient à terminer... Elle se doutait qu'elle en aurait jusqu'au lever du soleil. Dans tous les cas elle ne dormirait pas beaucoup, considérant le fait qu'elle voulait toujours regarder le réveil de l'astre solaire.

Alors que les dossiers se suivaient et que les heures s'écoulaient, doucement, ses paupières se firent de plus en plus lourdes. Aiko se redressa dans sa chaise, frottant ses yeux, et jeta un coup d'oeil à la fenêtre ouverte. La nuit recouvrait encore tout, et les étoiles brillaient toujours: il n'y avait pas encore cette légère teinte verte caractéristique du ciel lorsque le moment du lever du soleil s'approchait. Il lui restait encore quelques dossiers à remplir, puis elle pourrait aller se coucher et pouvoir obtenir quelques heures de sommeil avant d'aller observer le réveil de l'astre solaire. Pour l'instant, par contre, elle devait trouver un moyen de rester réveillée: elle se leva donc et décida de se faire un thé. Cela la garderait sûrement alerte pour une heure encore.

Elle gardait toujours un peu de quoi concocter cette boisson dans son bureau, pour des occasions comme celle-ci. Cela lui arrivait relativement souvent, et chaque fois elle était bien contente de souvent se restocker en thé. Elle fit donc bouillir de l'eau et se servit un thé, qu'elle posa à côté de ses dossiers en attendant qu'il refroidisse. Elle continua tranquillement de remplir ces feuilles en attendant de pouvoir boire sa boisson chaude. L'arôme de cette dernière emplissait doucement ses narines, c'était un arôme bien agréable, et alors que ses doigts lui semblaient froid elle avait presque hâte de le réchauffer contre la surface chaude de la tasse. C'est avec des gestes qui étaient devenus presque méchaniques qu'elle écrivait, et comme elle n'avait pas vraiment à y penser, son esprit vagabondait un peu n'importe où.

L'arôme de son thé ramena à son esprit, pour un instant, ce moment où elle l'avait partagé avec le roku ban tai Taicho. Elle ressentait toujours une grande gratitude face à cet acte, à la compagnie qu'on lui avait offert alors qu'elle en avait eu besoin. Il y avait bien longtemps qu'elle s'était permis une telle chose... Enfin, pas qu'elle se l'était réellement permise. Elle s'était brisée, simplement, et s'était accrochée à ce qu'elle avait pu pour ne pas se briser plus. La honte d'avoir fait cela la hantait toujours, à vrai dire, mais elle préférait ne pas y penser. Elle essayait de ne pas se torturer avec cela... Bien que ça revenait souvent dans son esprit.

Aiko fût réveillée par de légers coups à la porte. Elle se redressa, se frottant la nuque douloureusement. Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle, elle s'était endormie à son bureau, apparement, et le thé qu'elle s'était préparé afin que ça n'arrive pas était maintenant totalement froid à côté du dernier dossier qu'elle était en train de remplir. Elle soupira doucement, s'étirant légèrement et son regard se porta à la fenêtre, où elle pu voir que le soleil commençait à poindre à l'horizon. Un minuscule sourire étira doucement ses lèvres, et la nostalgie l'empli. Ses pupilles parcourirent le ciel et les couleurs qui s'y peignaient lentement.

Puis, on toqua à la porte à nouveau, et Aiko se rappela que c'était ce qui l'avait réveillée. Elle se leva, se frottant les yeux, et poussa les cheveux qui tombaient devant ses yeux de sa main vers l'arrière. Elle ouvrit la porte pour réveler son troisième siège, Dokei Hayate. Il tenait entre ses mains un plateau, sur lequel trônaient deux tasses desquelles s'échappait un arôme sucré. Aiko resta surprise un instant: elle ne s'était pas vraiment attendue à cela. Elle l'observa un instant, puis reprit ses esprits, et s'écarta de la porte afin de l'inviter à entrer.

« Ohayō gozaimasu. Entre. »

Elle ferma la porte derrière lui lorsqu'il fût entré, puis se dirigea vers la table basse dans un coin de la pièce, indiquant à son san seki de prendre place face à elle alors qu'elle s'asseoyait face à lui. Elle se frotta doucement les yeux, retenant un baillement alors que son regard se porta de nouveau à la fenêtre et au ciel que se colorait de rouge.

« Que puis-je faire pour toi? »

C'était le matin: de ce fait, l'habitude forcée qu'elle tentait d'avoir de vouvoyer les gens lui avait échappé, et elle ne réalisa que trop tard qu'elle venait de tutoyer l'autre Shinigami. Elle n'en fit pas de cas, mais le nota en elle-même avec une certaine déception. Et oui, elle pensait que le san seki lui voulait quelque chose: elle ne s'imaginait pas qu'il pouvait venir, surtout si tôt le matin, pour elle. Dans tous les cas, elle continua d'observer le lever du soleil à travers la fenêtre, un léger air de piano jouant doucement dans sa tête.