La bana-bhuidseach de la 4e division avait ignoré une certaine journée de travail durant plusieurs jours. Une semaine pour être précis, et non seulement elle l’avait ignorée, mais en plus, elle avait volontairement oublié chacun des évènements de cette journée. Depuis, elle avait soigneusement expliqué que pour des travaux supplémentaires, elle ne pouvait plus se permettre de visiter les terrains d’entrainement les après-midi. Même si mentir lui en coutait, elle ne pouvait pas favoriser 12 divisions sur les 13 existantes. Ainsi, elle s’était mise à travailler deux fois plus sur ses recherches, ignorant purement et simplement le reste du monde. Il n’existait alors plus que ses patients, ses remèdes et ses recherches, sans compter qu’elle évitait désormais de rentrer chez elle, et que le sommeil la fuyait lorsqu’elle allait dans la salle de repos. Ainsi, la sorcière des temps passé au prénom fleurit semblait encore plus fragile qu’à l’accoutumé.

Toujours vêtue de son long Yukaya noir brodé, et de son Hobi dans lequel elle glissait son zampakuto, elle apparaissait néanmoins de plus en plus lointaine. Le teint plus pâle, les yeux plus fatigué encore, les mains parfois tremblantes, tous les signes d’un épuisement considérable se faisait sentir sur elle. Mais rien n’y faisait, et elle refusait de changer d’avis. Ainsi, après avoir visité ses patients réguliers, et les nouveaux venu – Jimurei allait beaucoup mieux, c’était d’ailleurs pour ça qu’il était revenu avec un bras cassé – elle s’était installée à une table de la salle de repos, une dizaine d’ouvrages ouverts sous ses yeux d’émeraudes. Son set de chirurgie ouvert, elle manipulait l’un de ses scalpels dans le vide, les yeux clos, alors qu’elle imaginait les rituels communs d’une opération à cœur ouvert. Les minutes passaient sans que personne ne vienne la déranger, les membres de son équipe avait l’habitude de la voie ainsi, et les autres membres de la 4e avaient conscience du danger de la déranger en plein travail.

Totalement perdue dans ses pensées, elle n’entendit pas un certain Taicho arriver, ni ne le sentit venir non plus. Elle continuait de répéter la gestuelle de l’opération, son scalpel tranchant en main, alors qu’elle s’imaginait appuyer sur la cage thoracique d’un patient encore inexistant. Si un léger picotement se fit sentir sur sa nuque, alors qu’elle était assise, elle ne fit rien de nouveau, et continuait son opération imaginaire. Chaque geste était lent et mortellement précis, on pouvait voir son talent, alors qu’elle-même ne jetait pas un seul coup d’œil aux livres ouverts. Elle connaissait par cœur chacune de ces phrases, chacun de ses millimètres à inciser, même dans le vide. Le reste fut alors d’une rapidité affolante, on prononça son nom de famille juste derrière elle, et la voix était si fluide et reconnaissable, quelle se tourna avec violence sur sa chaise – poussant un faible cri de surprise - sa main partie dans un geste de protection naturelle et l’acier rencontra la chaire rose du visage d’un Taicho.

Elle entendit à peine sa demande de la voir un instant, les yeux écarquillés sur ses propres gestes.  Le Taicho s’était alors éloigné et rendu dans le couloir en l’attendant. Mais Nadeshiko fixait à présent avec une certaine horreur le scalpel qu’elle tenait encore en main, couvert désormais de rouge, de sang… Du sang d’Hitsugaya Toshiro. La huitième siège fut parcouru d’un frisson d’horreur, alors que le silence s’installait dans la pièce et que tous la fixaient, ne comprenant pas eux-mêmes la situation. La rouquine déglutit, et rangea en tremblant son set de chirurgie, avant de déposer celui-ci dans sa sacoche, reposa les livres sur le caddie prévu à cet effet, et quitta la salle de repos d’un pas lent et fébrile. Si les shinigamis pensaient probablement qu’il y avait eut un problème avec ses patients de la 10e, et que le capitaine venait rendre des comptes à cette dernière – la réaction violente confirmant en soit l’hypothèse – Nadeshiko aurait véritablement préféré cela à la réalité.

À chacun de ses pas la rapprochant du jeune capitaine, la rouquine se remémorait cette journée qu’elle avait effacée de sa mémoire. Son tour habituel des divisions, ses soins pour le taicho, son torse nu lorsqu’elle l’avait soigné puis massé, son réveil dans les dortoirs, Hitsugaya et le thé en face d’elle… sa chute, leur baiser accidentel, puis les deux autres… Elle lui avait même confié le ruban décoratif de soie de son Hobi, si elle n’avait pas eut de souci avec une quelconque sanction, elle en avait eut par la suite avec les battements de son cœur, et les images qui lui revenaient chaque fois qu’elle fermait les yeux. Le fait de savoir qu’elle allait le rejoindre – sans même en connaitre les raisons – lui donnait des frissons d’appréhension et d’envie dont elle se serait bien passé. Elle déglutit une nouvelle fois, elle l’avait blessée à la joue dans un élan de surprise, et les autres l’avaient vu… De plus, il avait demandé à lui parler… Elle aurait donc des comptes à rendre aux autres membres dont la curiosité était mal placée.

Elle finit par atteindre le Taicho. Il était de dos, et tenait quelque chose dans sa main, dont un filament de soie rose pendait encore. Elle rosit en comprenant de quoi il s’agissait, et se demanda si finalement, fuir maintenant n’était pas une meilleure idée… Mais le goût du risque commençait à s’immiscer en elle, et elle voulait savoir pourquoi il était venu. Elle prit une grande inspiration, avant de parler d’une voix rendue tremblante par toutes ses émotions :

« Que… Que puis-je pour vous… Hitsugaya-Taicho ? » De toute évidence, le soigner, déjà, vu l’estafilade qu’elle lui avait fait au visage en se retournant. Bizarrement, la rouquine sentait venir les problèmes au galop...

La rouquine attendit à peine quelques secondes, que le Taicho ne se retourne alors, et si elle évita soigneusement son regard, elle constata rapidement l’écorchure sur sa joue, et le filet de sang qui s’en était échappé. Le lapsus sur son prénom ne lui échappa pas non plus d’ailleurs, et la huitième siège aux allures de sorcières constata les ondulations dans le reiatsu du Taisho, heureusement d’ailleurs que ce dernier conservait celui-ci au plus bas, elle se serait probablement déjà évanouie. Il semblait ne pas savoir quoi dire, et la chirurgienne la plus étrange de la 4e fronça légèrement les sourcils en constatant l’absence de logique des propos du capitaine. Il rougissait presque d’ailleurs, et les propos qu’il tint à la suite de ces rougeurs en firent apparaitre sur le visage trop pâle de la shinigami. Il parlait des soins qui l’avaient revigoré. Et si, peut-être, il parlait véritablement des soins qu’elle lui avait prodigués pour ses coupures, Nadeshiko ne voyait absolument pas ceux-là. Elle commençait d’ailleurs à prendre de jolies couleurs sur ses pommettes hautes.

Soudain, le Taisho rosit à son tour et finit par détourner la tête, mais sa voix, fluide et profonde s’éleva :  « Je voulais vous remercier pour m'avoir aidé et...J'aimerais beaucoup vous inviter à marcher à mes côtés...Lors d'une ballade bien sûr ! Que nous enfin que vous puissiez ainsi me parler un peu plus de vos techniques et peut être pourrais-je vous rendre la pareille... »

Nadeshiko papillonna des yeux, rosit de plus belle, secoua la tête pour chasser toutes pensées impures de son esprit, déglutit, et analysa la situation. Le Taisho était venu la voir en personne, il avait demandé à lui parler en privé, et ce, devant une foule de collègues à elle, puis, lui demandait à présent une balade à ses cotés pour « la remercier. » Pour la rouquine, tous ces éléments faisaient de cette situation un piège d’incertitudes, un cauchemar de non-dit, et un nouveau traumatisme à gérer après. Cependant, quand bien même elle aurait préféré décliner l’offre et s’enfuir à toutes jambes le plus loin possible d’ici – quitte à demander des missions de soins sur terre – le coté formel de cette situation l’en empêchait. Hitsuhaya-Taicho venait donc de la piéger sans le savoir. La rouquine déglutit une nouvelle fois, toute tremblante intérieurement à l’idée de se promener en compagnie d’un taicho – le fait que ce soit celui de la 10e division empirant le sujet - prit une inspiration saccadée avant de répondre d’une voix légèrement tremblante.

« Ce… Ce serait un véritable honneur… Tai-Taicho… Mais peut-être… devrais-je d’abord vous demandez pardon pour ma réaction spontanée de tout à l’heure et… Et… Vous offrir de nouveau un soin … ? » Elle n’était pas bègue, pourtant, en face de lui, elle avait beaucoup de mal à prononcer ses phrases d’une traite. « Mon… Mon bureau est dans ce… Cette direction… » Ajouta-t-elle.

Et sans même attendre de réponse, elle se mit en route d’un pas vif, comme si elle essayait de le fuir, mais en vérité, ce n’était pas lui qu’elle fuyait, mais les souvenirs qu’il évoquait par sa présence. Elle traversa le couloir et bifurqua sur sa droite, ouvrant une porte et dévoilant un petit cabinet de consultation sombrement décoré, avec une table de consultation d’un coté, et le bureau de l’autre. Il n’y avait qu’une fenêtre, mais elle était couverte par un long rideau  vert forêt, rendant l’atmosphère plus douce pour les consultations neuronales. Une fois le Taicho entré, son coté professionnel revint à la charge, et elle lui montra le siège pour les patients, avant de sortir de sa sacoche le pot en terre cuite contenant l’hibiscus. Elle l’ouvrit et se pencha sur l’enfant dragon, cueillant une noisette de baume avec deux doigts, avant de reposer le pot et de saisir, de sa main libre, le visage meurtrit du Capitaine. Elle le releva vers elle avec une douceur propre à sa personne, et fit glisser la noisette de baume sur l’entaille très lentement, caressant de son pouce cette dernière dans le sens de l’incision pour étaler le baume parfumé.

La blessure disparue à vue d’œil, et un sourire ravi s’étala sur le visage de la rouquine par satisfaction du travail accompli. Sourire qui s’effaça dans la seconde lorsqu’elle constata qu’elle avait continué plus que de mesure les caresses avec son pouce sur la joue meurtrie du capitaine, et qu’elle était encore décidément trop prés de lui. Dans un bond presque dangereux pour elle – elle avait faillit percuter le bord du bureau avec ses reins - elle se recula et vint se placer derrière son office, s’en servant de barrière, en quelques sortes pour ne pas commettre de nouveau dérapage. Elle déglutit de nouveau, les joues roses et finit par s’appuyer sur l’assise sans pour autant se poser, comme prête à fuir au moindre problème. Avec le plus de respect possible, elle garda la tête basse pour ne pas croiser le regard du Taisho, sans pour autant lui faire comprendre qu’il était petit, le résultat étant qu’elle fixait le bas de son visage. Le seul inconvénient à cela, venait du fait qu’elle apercevait alors ses lèvres, et qu’évidemment, les souvenirs que plusieurs baisers interdits avaient été échangés entre eux surgit dans sa mémoire.

« Pou… Pourquoi teniez-vous tant à me remercier, Taicho ? Je… Je n’ai fais que mon devoir lors de vos soins… » La voix d’Ibara résonna alors dans sa tête, lui rappelant que son devoir ne consistait en rien à l’embrasser avant de s’enfuir, ce qui causa de nouvelles rougeurs sur les joues de la rouquine. « En… Encore une fois… Je suis vraiment navrée pour… Pour tout à l’heure… »

Elle ressentait le besoin d’expier ses fautes en s’inclinant, mais comme il lui avait déjà dis que ce n’était pas nécessaire à chaque fois, elle se retenait quelques peu… Mais là… Là… Elle avait juste envie de s’enfuir.  Pourquoi le destin s’acharnait-il sur elle ? Pourquoi, après trois siècles sans aucune envie charnelle ni pensée de ce genre, le destin s’amusait-il à la torturer avec ce Taicho ? Pourquoi, chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle pouvait de nouveau sentir son souffle sur ses lèvres et son parfum tout autour d’elle ? C’était injuste de la torturer ainsi ! Elle rosit en sentant de nouveau les frissons provoqués par la présence d’Hitsugaya en ces lieux, et soudain, un déclic se fit en son esprit. Ils étaient dans son bureau… Elle avait fermé la porte comme pour toute consultation normale… Ils étaient seuls… et personne ne pouvaient les voir à cause des rideaux opaques… Les couleurs sur ses joues s’accentuèrent…

Pouvait-elle songer au suicide à coup de scalpel ?

« PUTAIN DE MERDE » fut clairement la pensé qui traversa l’esprit de la chirurgienne alors qu’une explosion de sensation qu’elle s’était tuée à éteindre pendant une semaine la reprenait avec violence. Au début, le Taicho s’était contenté de répondre à sa question, expliquant qu’il avait été touché qu’elle aille jusqu’à risquer l’épuisement total pour le soigner. Il ne savait clairement pas que c’était là les contraintes de son Shikai. 20 minutes, pas plus, avant de sombrer, bien qu’elle puisse l’utiliser autant de fois qu’elle le désirait durant ce laps de temps. Ensuite, il s’était redressé, et Nadeshiko aurait apprécié pouvoir se fondre dans le bois de son office pour se cacher, parce qu’il se rapprochait de nouveau d’elle, et que les battements de son propre cœur commençait à s’accélérer. Il avait alors expliqué qu’il était venu lui rendre quelque chose, puis il avait ressortit le ruban décoratif de son Hobi pour se rapprocher et lui enrouler autour du cou.

Ce geste là, aurait dû lui mettre la puce à l’oreille, puisque extrêmement semblable à celui qu’elle avait produit en s’échappant de ce dortoir une semaine plus tôt. Etait-ce l’innocence de sa personne qui l’avait piégée une fois de plus, ou la pensée que rien ne pourrait arriver, parce qu’elle s’était persuadée n’avoir rien vécu du tout ? En tous les cas, lorsqu’elle sentit de nouveau le souffle glacé du Taisho sur ses propres lèvres, elle se dit qu’elle aurait dû fuir dés qu’elle en avait eut l’occasion. Il s’était alors moqué du fait que la couleur ne lui sciait guère, puis, qu’il avait autre chose à rendre, et c’est là que tout dérapa. Son cœur rata un battement, son souffle se gela instantanément dans sa poitrine, et elle se crispa, alors que le contact sur ses lèvres semblait embraser le reste de son corps. C’était comme si des feux d’artifices explosaient dans tout son être, avec une forte présence dans son ventre et ses reins.

Le Taisho se recula alors, mais il était trop tard, les sensations qu’elle avait combattu en se privant de sommeil pour ne pas le revoir en rêve étaient revenues, et pire, elles semblaient s’être accrue à présent. La couleur du visage de la rouquine était désormais proche du calla lili, alors qu’elle tentait d’avaler sa salive et de se reculer une fois de plus. Sauf que le bureau ne bougeait pas, et qu’elle était toujours bloquée par la présence du capitaine de la 10e division. Que faire ? Dans sa tête, Ibara s’était remise à chanter des ballades amoureuses, et la shinigami n’arrivait plus à réfléchir correctement. Si fuir lui avait semblé une très bonne idée au début, là, elle n’en avait ni la capacité, ni l’envie, et c’était bien cela qui l’effrayait au plus haut point. Si le Taisho avait certes rompu le baiser, elle pouvait toujours sentir son souffle glacé sur ses lèvres, et son regard pénétrant le sien. Elle était purement incapable de bouger le moindre centimètre.

« Je… Vous… Nous… Enfin… interdit… » C’était absolument non concret, mais c’était là les seuls mots qu’elle avait réussie à prononcer.

En soi, le véritable souci de Nadeshiko, c’était bien qu’elle avait beau dire que c’était interdit, comme la fois d’avant, lorsqu’elle lui avait dit qu’il ferait mieux de se relever. Si la parole était contre cette situation des plus indécentes, leurs corps l’acceptaient pleinement. Hitsugaya tenait toujours le ruban autour de son cou, et peu à peu, elle se sentait glisser de contre le bureau… Si jamais elle chutait, il était clair qu’elle l’emporterait avec elle une fois encore. Les déjà-vus de cette journée allaient définitivement la traumatiser, et ce quoi qu’elle fasse. À tâtons, elle chercha un moyen de s’éclipser d’entre le Taisho et le bureau, hélas, sa main ripa sur le rebord du bureau, et elle se sentit partir sur le coté, entrainant une fois de plus Hitsugaya dans sa chute. Une fois encore, la rouquine sentait venir le désastre émotionnel s’immiscer en elle. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était de nouveau au sol, le Yukata presque entrouvert à cause de sa glissade, et le Taisho se tenait au dessus d’elle, ses jambes entre les siennes, son visage contre sa poitrine.

Heureusement, la douleur du plancher sous son dos calma quelque peu ses passions, et elle poussa un maigre gémissement alors qu’elle se rehaussait quelque peu, faisant de nouveau face au jeune homme à la chevelure hirsute et blanche. Pourquoi fut la question qui lui vint en premier, pourquoi le destin s’amusait-il à la torturer ainsi ? Son corps tout entier était parcouru de frisson, alors que le souffle gelé du Taisho lui frôlait le cou et le menton. Encore une fois, cette position la mettait monstrueusement mal-à-l’aise, et encore une fois, le désir de désobéir aux règles et aux convenances se fit sentir jusqu’à la racine rousse de sa chevelure. Pire qu’un aimant, elle leva les bras au dessus d’elle, et vint les enrouler autour du cou du Taisho, plaçant sa main droite dans la chevelure blanche. C’était si doux… et cela permit même d’affrioler ses sens alors que le parfum de ce dernier était amplifié par sa gestuelle. Pouvait-elle mettre un autre baiser sur le compte de la gravité ? Les yeux à demi-clos, elle mit le reste de son interrogation dans un coin de son esprit, alors qu’elle capturait les lèvres d’Hitsugaya très brièvement.

« Je… Je vous… Enfin… Le ruban… Il… Il était pour vous… » Dit-elle d’une voix timide, les joues bien roses. Bonté gracieuse, mais qu’étaient-ils en train de faire ?

Le cœur battant à tout rompre dans le creux de ses seins, La noble du Rugonkai avait la vague impression de se noyer dans les turquoises qui servaient de prunelles au Taicho. C’était comme sentir l’étreinte glaciale d’un iceberg sur les parties de son corps qu’il ne recouvrait pas, et l’étouffante chaleur d’un volcan sous sa présence. Une explosion de sensations intenses qui se propageaient dans ses veines à l’allure d’un poison mortel, glissant de son cœur jusqu’aux membres les plus éloignés de son muscle. Elle l’avait embrassé, pire encore, elle avait aimé ces sensations, ce contact sucré et frais sur ses lèvres, le toucher de sa peau contre la sienne. Elle avait aimé chaque frisson insoutenable qui glissait sur sa colonne et s’arrêtait sur ses reins comme des caresses. Mais là encore, que faisaient-ils ? Braver l’interdit pour un désir inconnu ? Manquer l’exécution pour quelque chose d’étrange qu’ils ne contrôlaient pas… ?Oui, c’était ça… Mais elle était incapable de dire non à son propre corps, lorsque le Taicho était là, elle n’avait qu’une seule envie, recommencer ces illégalités. Il était toujours au dessus d’elle, et sa mèche blanche venait lui chatouiller le front doucement, c’était à la fois agréable et violent, parce que chaque contact lui rappelait l’interdit, chaque caresses, chaque baiser, chaque étreinte, et chaque fois qu’elle pensait à lui, c’était interdit.

Alors qu’elle était perdue dans l’océan de ses yeux, elle finit par l’entendre, disant qu’il ne pouvait accepter ce présent. Pourtant, c’était là la seule chose qu’elle pouvait offrir en cet instant. Gage de désir ? Gage d’amour ? Elle l’ignorait, mais elle voulait qu’il le garde, parce que c’était la seule preuve de son appartenance, à elle. Oui c’est ça, elle voulait qu’il le garde, parce que même si ce qu’ils faisaient en ce moment même, si cette étreinte et ces baisers étaient interdits, elle voulait prouver aux autres –sans qu’ils ne le sachent- qu’il était à elle. Quelques secondes passèrent, sans qu’il n’ait finit sa phrase, puis, Nadeshiko sentit son cœur accélérer la cadence, alors que le visage du jeune Taicho se rapprochait de nouveau, et scella leur lèvres une fois encore. Mais le baiser n’était plus aussi chaste que les précédents, et si la rouquine fut surprise de sentir une langue étrangère venir quémander l’entrée de sa bouche, elle se laissa faire, sentant de nouvelles vagues de frissons incompréhensifs s’accumuler sur son échine. Le souffle court, il finit par rompre le baiser, puis plongea de nouveau son regard dans le sien, et si l’étreinte langoureuse avait été merveilleuse, les paroles avaient été étranges.

Il affirma qu’en tant que Capitaine, leurs actes étaient défendus, et elle-même en avait parfaitement conscience. Puis, il expliqua qu’il ressentait quelque chose d’étrange, et qu’il était venu ici, non pas pour lui rendre le ruban, mais bien pour la voir. Et là, ces paroles firent battre son cœur avec plus de force encore qu’auparavant. Il était venu pour elle, juste pour elle ? Son visage prit alors une teinte pourpre proche des fleurs d’hibiscus de sa collection privée, et elle se mordilla inconsciemment la lèvre inferieur. Finalement, mû par une raison nouvellement acquise, la jeune femme, du moins en apparence, repoussa légèrement le Taicho, du moins juste assez pour que tous deux se relèvent sans pour autant s’éloigner. Ainsi agenouillée en face de lui, les joues roses, elle tenta de lisser les pans de son yukata, mais ses cuisses étaient hélas encore un peu apparentes. Ce n’était définitivement pas une tenue adaptée pour faire face à un Taicho, mais lui-même était quelque peu décoiffé – plus que d’habitude – et vu ce qu’il venait de se produire, ce n’était plus vraiment un souci. Cependant, à présent relevé, elle ne savait pas vraiment quoi dire non plus. C’était la toute première fois qu’elle avait un lien de ce genre avec une personne, de plus, ce n’était hélas pas n’importe qui, et elle ne savait vraiment pas comment se comporter.

« Je… Que nous arrive-t-il ? Je sais que nous  ne devrions pas agir ainsi pourtant… Et croyez-moi j’ai tout fait pour oublier mais… J’en suis incapable… » Elle prit une longue inspiration avant de poursuivre, sa voix délicate percée par l’inquiétude. « Je… Je ne veux pas que vous risquiez votre poste de Capitaine pour moi ou… Ou votre honneur… Vous le risquez déjà bien assez avec les horreurs causés par le traitre, et le Gotei a définitivement besoin de vous. »

Le pire était probablement le fait qu’elle le pensait, mais là n’était pas tout. Il y avait deux autres choses à prendre en compte dans cette histoire, deux choses auxquelles le petit capitaine ne semblait pas avoir pensé non plus. Mais Nadeshiko pensait trop, c’était dans sa nature de guérisseuse. Entre eux se dressait une barrière immense, nommée noblesse et différence d’âge. Elle était née noble, lui non, elle avait 321 ans, lui n’avait probablement pas dépassé le siècle, il était capitaine, elle était huitième siège, il était de la 10e division, elle était de la 4e… Beaucoup de choses finalement, se dressaient entre eux.  Un soupir douloureux franchit ses lèvres, et la rouquine se releva définitivement, se rendant directement derrière son bureau, où se tenait un petit service à thé de porcelaine, offert par Minato, qui pensait que ce serait plus agréable que sa gourde de cuir pour les patients. Rapidement, elle remplit la théière, et mit l’eau à chauffer, fouillant parmi ses boites à thé celui qui calmerait ses sens une bonne fois pour toute, et arrêterai le stress constant causé par le Taicho. Elle fit donc un mélange de thé noir, de verveine et de zeste de citron, qu’elle glissa au fond de la théière et ne bougea plus durant les minutes qui suivirent. Son besoin de réflexion intense la poussa à retirer une à une les décorations de sa chevelure, libérant un voile flamboyant le long de son dos, qui vint effleurer le sol en de délicates boucles soyeuses.

Du bout des doigts, elle vint de nouveau les brosser quelques peu, étirant les mèches et les séparant les unes des autres. Et tout en faisant cela, elle se perdit dans ses pensées. S’il n‘était pas si rare que ça que des membres du Gotei finissent ensemble, un tel écart de conduite conduisait cependant à une certaine risée lorsque les différences étaient mise à nue. De plus, ils se trouvaient à l’orée d’une guerre, et ce n’était pas non plus le moment de flirter, elle devait se préparer à aller sur le terrain, réapprovisionner ses réserves pour les baumes, être ce qu’elle savait être de mieux… Une guérisseuse, sans volonté autre que celle de soigner tous les maux. Elle n’était noble que de naissance, aucun insigne ne pouvait le dire, elle était huitième siège et ce grade n’avait pas augmenté depuis prés de cent ans. Et tandis que le fil de sa pensé se dispersait dans des impossibilités teintée de solitude, elle avait tressé le haut de sa chevelure en plusieurs branches, six pour être précis, et les avaient relevés sur sa tête, pour ensuite les attacher avec une autre mèche, lâchée cette fois-ci, et laisser le reste libre. Elle noua les rubans rosés autour de l’ensemble pour que cela tienne tout de même, et planta le pic à cheveux orné de fleur entre les tresses. Une coiffure digne de la noblesse, le thé était prêt.

Elle apporta la théière et les tasses de porcelaine décorée sur son office, servit en premier lieu son invité surprise et Taicho – sans le regarder une seule fois – et fit de même avec  sa propre tasse, avant de s’asseoir en face d’Hitsugaya, sans pour autant changer d’attitude. Elle était toujours perdue dans les méandres de ces ressentis, mais plus dans sa raison. Elle soupira, se mordilla la lèvre inférieur, avant d’enfin planter son regard émeraude dans celui turquoise de son vis-à-vis.

« Il… Il est clair que nous subissons… » Elle cherchait les mots les plus neutres pour décrire ses sentiments… « Une attirance mutuelle l’un pour l’autre… mais… Mais je… j’ignore si c’est autorisé ou non… et… et il y a beaucoup d’autre chose que nous ne prenons pas en compte… La première étant nos grades et division différentes… la seconde… le… Le… Le regard des autres…  Vous… Vous êtes Taicho et moi.. Huitième siège… Ce pourrait être vu comme une tentative pour obtenir… enfin… un grade supérieur… et d’un autre coté… Certains vous verront comme… Enfin… Disons que vous seriez probablement vu comme essayant d’obtenir la noblesse et… enfin… Dans les deux cas… » Nadeshiko secoua la tête, le fil de ses pensés venait de faire un nœud dans sa tête, et elle ne savait vraiment pas quoi dire d’autres, parler de l’âge pouvait être mal interpréter, et elle ne voulait pas le blesser plus qu’outre mesure. Toute convenance fut placée aux oubliettes, et elle vint prendre sa tête entre ses mains, cachant ainsi son  visage derrière sa longue frange. « Je n’ai pas été formée pour gérer ce genre de situation… réparé des bras cassés et restaurer des bustes brisés je sais faire mais… mais… comprendre les rouages des sentiments non… » Elle avait pensé à voix haute, mais sa détresse était tout aussi bien lisible dans son regard que dans les tremblements de sa voix.

Nadeshiko était purement et simplement perdu dans les méandres de son esprit torturé. Elle avait évidemment apprit à courber le dos lorsqu’on l’insultait pour tout ou pour rien, lorsqu’on lui donnait des ordres elle obéissait sans mot-dire, et assumait toujours les châtiments, même lorsqu’elle les trouvait injuste. Mais ici… ici, c’était différent. Ce n’était pas mauvais en soit, c’était même plus qu’agréable, être désirée… C’était quelque chose qu’elle n’avait jamais cru possible auparavant, après tout, elle était la petite noble du rugonkai, la huitième siège que personne ne voyait jamais. Elle était presque invisible pour ses propres collègues, et les rares à lui parler étaient ses subalternes, puisqu’ils suivaient ses ordres aux doigts et à la lettre lors d’une opération grave. Il y avait Ozalee, pour qui elle s’était liée d’une amitié purement sincère et sans faille, deux filles aux tempéraments à la fois trop différents et trop similaires. Mais là encore, le lien qui était en train de se créer entre le Taicho et elle était bien autre chose qu’une amitié ou un lien de médecin à infirmiers. Et même si la curiosité naturelle de la shinigami la poussait à chercher le pourquoi du comment, et les raisons de ces sentiments étranges qui naissaient en eux, la terreur d’y être soumise aussi la faisait naturellement reculer.

Elle était déjà soumise au monde entier, elle ne pouvait pas l’être aussi par ses propres sentiments, c’était contre ses propres principes ! Elle soupira, et l’expiration fut presque douloureuse, elle ne savait véritablement pas quoi faire, mais le crâne explosé d’un membre de la 11e était moins compliqué à réparer que cette énigme à résoudre ! Elle était guérisseuse… Médecin, pas… pas femme ? Si… ça aussi elle l’était, du moins elle l’avait été, au début. Lorsqu’elle était enfant et qu’elle ne comprenait pas pourquoi sa mère lui disait toujours de rester sage même quand on l’insultait, de ne jamais élever la voix. Enfant, elle avait voulu se rebeller, mais sa propre mère avait étouffé cette rébellion dans l’œuf, et plus jamais Nadeshiko n’avait essayé d’être quelqu’un d’autre… Du moins jusqu’à ce qu’on l’appelle Himeguma comme sa mère. Elle n’avait pas supporté d’être appelée comme elle, un pâle reflet de cette femme aux talents si multiples et à la soumission naturelle engendrée par des siècles de souffrance. À la seconde même, elle avait voulu être autre chose, et elle y était parvenue, à présent shinigami, pourtant, elle était comme Himeguma, tout aussi soumise par ses pairs, incapable d’élever la voix sans se sentir mal-à-l’aise.

Ce fut le contact glacial sur sa main droite qui la fit sortir de sa torpeur, et elle frissonna malgré elle, avant de planter son regard émeraude dans celui turquoise du Taicho. Mais elle était toujours aussi perdue, c’est pourquoi elle l’écouta silencieusement, comme hypnotisée par cette voix fluide qui lui semblait venir de très loin. Il expliqua que lui-même ne savait pas ce que l’avenir pouvait leur réserver, et que tout comme elle, il n’avait jamais ressentit de lien aussi fort. C’était à la fois plaisant de se dire qu’au moins, il était sincère, mais en même temps, cela n’aidait pas du tout. Il parla alors de la possibilité de commencer une relation, et si le rouge monta rapidement aux joues de la shinigami, elle se sentit geler sur place en pensant aux conséquences que cela engendrerait. Oui… Les règles du seireitei étaient bien plus compliquées que celles du rugonkai, des règles qui parfois en annulaient d’autres, on ne sait pour quelle raison. Toute la constitution du Gotei 13 l’avait d’ailleurs toujours désespérée lors des cours à l’académie. Les mots qui suivirent en revanche, firent naitre une sorte de chaleur douce au fond de la poitrine de Nadeshiko. Il disait être incapable de l’oublier ni de l’effacer de son esprit, clamant que le traitre ne serait pas capable d’une telle chose.

Si la comparaison faisait sourire, quelque chose se rappela à elle. Ibara venait de lui dire que les illusions du traitre en question pouvaient être contrées par une accoutumance aux effets hallucinogènes des graines de pavots et de la mandragore. Si au début, son esprit vagabondait sur les comment et les pourquoi, une idée venait de germer en son esprit. N’allez pas croire que Nadeshiko épiait les moindres faits et gestes des Taichos à tout bout de champs, elle avait les infirmières pour s’occuper de récupérer les ragots, mais c’était justement là que son plan pouvait entrer en action. Détruire le traitre était l’objectif du moment avec cette guerre qui se préparait, elle avait d’ailleurs quelques doutes au sujet d’Ichimaru Gin, mais elle ne dirait rien pour le moment, donc, il fallait trouver un moyen d’augmenter les chances dans ce combat. Pourquoi ? Mais tout simplement parce qu’il était fort probable que le héro qui vaincrait Aizen Sosuke se verrait recevoir ce qu’il désire. Aucun repos et aucune distraction n’était permise pour le moment…  Elle l’écouta de nouveau, oui, en un sens, refouler ses émotions étaient aussi très dangereux, tant pour le psychisme de la personne que pour les conséquences de ses actes plus tard, mais elle-même n’avait jamais été capable d’exprimer réellement ce qu’elle ressentait.

Il expliqua qu’il avait beau être Capitaine du Seireitei, il ne voulait pas la faire souffrir, et que nombreux étaient ceux qui le pensaient immatures et trop jeunes. Il avoua même qu’ils avaient parfois raison. Il termina sur le fait qu’il était mitigé entre son cœur et sa raison. Dans sa tête, Nadeshiko entendit la  voix d’Ibara dictant que le cœur avait parfois des raisons que la raison elle-même ne connaissait pas. Des fois, la rouquine se demandait comment il était possible que son Zampakuto puisse sortir autant de choses étranges sans qu’elle ne puisse en avoir eut conscience un temps. Cependant, la princesse des fleurs avait raison, et l’idée qui avait germée dans l’esprit de la rouquine allait peut-être changer le cours de leur vie. Hésitante malgré tout dans les propos à tenir, elle rosit légèrement, avant d’abaisser les mains qu’elle avait posées sur sa tête, conservant celle du Taicho dans la sienne. Elle se mordilla la lèvre inferieur, prit une bouffée d’air, humant au passage le parfum frais d’Hitsugaya se mêlant à l’air ambiant et au thé.

« Je… Je pense que si nous devons nous lancer dans quelque chose de… de sérieux… qui pourrait nous… enfin… nous mettre dans des situations complexes vis-à-vis du Gotei… Peut-être devrions-nous… apprendre à mieux nous connaitre ? Savoir si… Enfin si tous ces risques en valent la chandelle ? » Elle était bien rouge de ses propres mots, et se mordilla de nouveau la lèvre avant de reprendre « Je… Je pense avoir une idée à ce propos… Qui pourrait… enfin… nous arranger tous deux… Vis-à-vis des lois… » Elle se tût, fixant ses mains et celle, prisonnière, du Taicho. Naturellement, sans même s’en rendre compte, elle entrelaça leurs doigts, caressant le dos de sa main de son pouce en des mouvements circulaires. « Je… enfin… nous pourrions… si vous avez du temps libre… Hmm… Peut-être… je pourrais vous former à résister aux illusions du traitre… ? Ce serait un entrainement comme un autre et… et vous pourriez m’entrainer aussi… que je puisse résister un peu plus à l’usage de mon shikai… Pour ne plus vous inquiéter après vous avoir soigné… Ce serait un moyen de passer du temps ensemble tout en apportant des forces supplémentaires au Seireitei… » Elle rosit, n’osant plus le regarder dans les yeux et attendant une réponse.

Nadeshiko était, à ce moment même, déjà pétrifiée par ses propres mots. Il ne fallait pas être stupide pour comprendre que son idée n’était rien de plus qu’un souffle basé sur les hormones qui la secouaient, et que ce souffle ferait s’envoler le château de cartes de sa vie s’il était découvert. La rouquine ne voulait pas cela, oui, elle trouvait le jeune homme attirant, quand bien même il n’avait pas encore subit son éveil spirituel, mais elle ne pouvait pas mettre toute sa carrière en jeu simplement pour quelques étreintes échangées qui, plus tard, disparaitront lorsqu’il deviendra un homme et comprendra qu’elle ne valait rien, comme tous les autres le voyaient. Pourtant, si le Taicho voyait sa proposition comme une aubaine à saisir, puisque les deux partis étaient gagnants, Nadeshiko ne voyait pas vraiment où elle y trouverait son bonheur… Il n’y aurait d’éloge que pour lui s’il finissait par combattre le traitre, et elle serait vite oubliée puisque toutes les femmes du Seireitei se jetteraient sur le héro.

De plus, elle n’était même pas sure que cela puisse fonctionner, si jamais le Taicho échouait dans on combat, ce serait elle qui serait exécutée pour avoir été incapable de préparer le jeune homme. Cette préparation, si cachée, pouvait s’avérer être considérée comme de la torture sur Capitaine, puisqu’il subirait l’effet de nombreux poisons hallucinogènes floraux… Certains pouvant être mortels selon la dose. Mais là encore, elle pouvait doser méticuleusement, c’était son métier après tout… Mais la terreur était toujours là, que ce passerait-il après ? Le taicho serra ses mains sur les siennes, et la shinigami des roses eut un frisson d’appréhension, qu’allait-il lui demander ? Son souffle se gela alors dans ses poumons alors qu’elle entendait la sentence. Commencer immédiatement leurs entrainements ? Elle risquait de perdre conscience dés les premières secondes, et … S’il demandait la permission à Unohana, toute cette histoire se saurait… Ses entrailles se nouèrent, et si la rouquine eut le loisir de constater que le Taicho était désormais rouge pour une raison quelconque, la peur d’être pointée du doigt se fit sentir encore plus.

Hitsugaya parla du fait que ces rendez-vous permettraient qu’ils apprennent à se connaitre en plus des entrainements physiques et mentaux, et qu’il le désirait ardemment. Un nouveau frisson d’angoisse, couplé à un autre de désir se fit sentir, elle n’arriverait probablement plus à se défaire de ces craintes et impressions. L’envie de plonger dans une rivière glacée et ne plus en ressortir se fit sentir dans l’esprit de la shinigami, qui fut soudain interrompue par la voix de son arme, lui rappelant que le désir, c’était bien, mais la médecine encore plus. Pendant les quelques secondes de discussion avec son zampakuto, le garçon en avait profité pour cueillir l’une de ses fleurs de géranium avant de la lui tendre avant de dire d’une voix quelque peu timide qu’il la gèlerait pour l’habituer elle à d’autre reiatsu. Que cela deviendrait ensuite le symbole de leur moment passé ensemble, de leur relation. Dire que Nadeshiko était confuse et effrayée était un euphémisme, mais en parallèle, elle ne s’était jamais sentie aussi désirée, ce qui était une première pour elle. Un sentiment agréable qu’était de plaire à quelqu’un pour la première fois, de sortir du trou duquel les autres l’avaient plongée.

Il avait lâché ses mains pour attraper la fleur, laissant sur sa peau une sorte de vide étrange, addiction que Nadeshiko avait comprit mais refusait de subir. Si même son corps la soumettait à des tortures contre lesquelles elle ne pouvait lutter, la rouquine risquait de ne pas s’en remettre. Les joues roses, le cœur serré, les mains tremblantes, elle hocha simplement la tête de haut en bas, comme perdue dans l’océan glacial qui composait le regard du Taicho. Son cœur s’était remit à battre la chamade, très vite, trop vite, elle s’était retrouvée face à lui, comme la dernière fois. Un véritable aimant contre lequel elle ne parvenait pas à lutter. Elle avait glissé sa main contre celle du Taicho, effleurant les pétales de la fleur du bout de ses doigts, mais son regard était ancré dans le sien. C’était très inconvenant, pourtant, elle s’était de nouveau rapprochée, le surplombant d’à peine une tête, le tissu de leurs uniformes frottant l’un contre l’autre. Elle était de nouveau piégée, l’irréparable allait de nouveau avoir lieu sans qu’elle ne puisse rien y faire. Oui… Elle le sentait déjà, son souffle glacial sur ses lèvres, elle entendait déjà son cœur battant contre le sien, elle sentait déjà son parfum iodé… Ils étaient trop proches, toujours plus proches, et elle ne pouvait quitter son regard, aimanter. Leur bouches s’effleurèrent …

Un papillon traversa la pièce en un battement d’aile, et la voix du 3e siège, Yasochika Iemura, résonna fortement dans la pièce. « La shinigami Tsukino Nadeshiko, chef de l’équipe de secours numéro 3 est demandée dans le bureau des affiliations d’urgence » La shinigami en question avait reculée d’un bond, mettant bien deux mètres entre elle et le Taicho qui l’avait visitée. Son regard était inquiet d’avoir été prise en faute une fois encore, mais l’annonce parut figer l’atmosphère. D’une rapidité presque incroyable, elle emballa tous ses pots d’onguents et son set de cuir pour la chirurgie dans sa sacoche, avant d’y mettre une gourde remplie d’eau. Elle avait ignorée, durant tout ce temps là, Hitsugaya Toshiro, son métier passant avant tout. Une fois prête, elle lança un regard mitigé en direction du Taicho, regrettant de n’avoir pu achever son geste et ne sachant que faire pour le saluer. D’une voix plus qu’hésitante, elle expliqua : « Je… Je dois y aller… Nous… Nous commenceront les entrainements plus tard… Je… Je suis désolé… » Et elle disparue comme une flèche par la porte pour se rendre dans la salle demandée. Ce qu’elle ne savait pas, c’était que sa future mission risquait de venir perturber leurs prochains rendez-vous…

Car sa mission prochaine allait l’envoyer chez les vivants, pour la seconde fois de sa vie…