Un nouveau jour se lève sur le sereitei et j’avais plutôt bien dormi depuis que j’avais eu cette conversation avec le chef du clan Kuchiki. Je me sentais apaisée et surtout rassurée. Ma bonne humeur avait mis le Corps en joie vu que je suis moins encline à sanctionner les bêtises des uns et des autres. J’avais le sourire et cela faisait longtemps que je n’étais pas aussi joyeuse. Une nouvelle vie s’offre à moi et je n’avais plus qu’à saisir les opportunités. Cela fait plus de cent ans que j’attendais ce moment et je me dis que j’aurais pu m’y mettre plus tôt si j’avais su que cela se passerait ainsi. C’est un soulagement et je peux enfin dire que je suis libéré du poids qui me tenait depuis des années. Ce matin, j’avais fini mes tâches de Lieutenant et je lève la tête de mon bureau pour observer un ciel radieux pour une journée de printemps. Me levant, j’avais besoin de faire un tour histoire de me dégourdir les jambes. Il faut savoir s’aérer l’esprit lorsque cela est nécessaire. Ayant un peu mal la tête, je me dis que cela ne fera pas grand-chose si je m’absente un moment. Je devais aller au sein de la 1ere division vu que le so-taishô devait attendre mon rapport sur les derniers évènements ayant eu lieu au sein du Gotei XII.
Faisant appeler mon second, je lui fais part de mon absence au sein du Corps. En mon absence, c’est le 3éme siège qui commande et autant dire que je le sais très efficace. Il est plus ancien que moi dans ce corps et je sais de quoi il est capable. Il sait apporter une vision différente quand je lui demande son avis et je reconnais que c’est fort appréciable. Et puis, même si je ne suis pas Capitaine, l’avis des autres m’a toujours importé. Contrairement à notre taisho malade, je devais assurer l’ensemble et autant dire que le Corps est plutôt correct. C’est l’essentiel… Je préfère ça au fait que le so-taisho vienne prendre les commandes. À vrai dire, même s’il commande à l’ensemble des treize divisions, ce n’est pas pour rien si le Corps des Nécromanciens ne dépend pas de lui. J’apprécie le fait que ce soit une sorte de division à part. Cela évite de faire n’importe quoi et même si je suis présente aux diverses réunions des capitaines, je n’ai pas mon mot à dire sauf lorsqu’on me demande mon avis. Je respecte les règles sous peine de me faire exclure de ce genre de réunion.
Après avoir donné mes consignes au troisième siège, je ferme derrière nous afin de ne permettre à personne d’entrer à l’intérieur. Il y a des choses que personne ne sait au sein de ce bureau qui n’est normalement pas le mien mais c’est là que je dirige le tout. Prenant la direction du sereitei, je regarde autour de moi. Marchant dans les coursives des divisions, je finis par lâcher un soupire. Je suis contente d’avoir terminé ce qui devait être fait et j’ai mis un paquet de mois pour être enfin à jour. Maintenant, j’allais pouvoir profiter des cerisiers en fleurs qui sont mes arbres favoris. Je suis calme et je ne montre aucune hostilité. Comme tous les membres de ces divisions, je suis aussi une shinigami même si je n’ai pas la même façon de me battre qu’eux. Je me demande d’ailleurs si un jour, je serais capable de développer mon propre zanpakuto… Il paraît qu’il faut des années et des années pour le développer au stade du bankai. Cela attire ma curiosité, mais je sais que je n’ai pas le droit de le développer en tant que membre du Corps des Nécromanciens. Je ressens alors le vent et je soupire alors que je lève les yeux vers le ciel. Levant une main, j’empêche ma longue chevelure bleutée de s’envoler ou de me cacher la vue. Je remarque alors un cerisier en fleurs et je m’approche de cet arbre allant même jusqu’à me réfugier dans ses branches pour y faire une sieste. Je ne suis pas une flemmarde mais le simple fait d’entendre le vent qui se glisse dans les branches de l’arbre m’apaise et me berce.
Le regardai l’aube se lever, un nouveau jour dans ce monde sans réel changement. Même s’il est vrai que les récents évènements ont bouleversé le quotidien du Seireitei, je pensai que ces changements apportaient un vent de fraîcheur dans un monde trop longtemps ancré dans les habitudes et l’inexorable. Je n’avais pas vraiment dormi cette nuit, en fait, j’avais même pas rejoint ma couche. Je m’étais installé sur le toit des locaux de ma division pour réfléchir un peu et j’y étais resté toute la nuit. Je portais, comme à mon habitude mon haori, je ne l’enlevais que rarement, depuis mon accession au titre de Capitaine, j’avais gardé mon zanpakuto contre mon épaule durant tout le temps où j’avais observé le voyage de la lune à travers le ciel étoilé du Monde des esprits. J’avais même ressenti l’âme de mon Zanpakuto qui observait lui aussi. Il l’avait fait sans bruit, le silence entre nous suffisait largement. Nous n’avions pas besoin de parler pour nous comprendre, ni même pour savoir des choses sur l’autre, on se connaissait depuis tellement de temps à présent.
J’étais finalement descendu de mon perchoir pour rejoindre mon bureau. J’avais des rapports, comme tous les jours, dont je devais m’occuper, c’était l’une des obligations les plus pénibles de ma fonction, mais je m’en satisfaisais. Une fois entré dans la caserne, je saluai les Shinigamis qui servaient ma division. Je pouvais me vanter de connaître le nom de chaque Shinigami sous mon commandement, d’abord parce que j’avais très longtemps servi avec eux et ensuite parce que je pensais que c’était important de connaître le nom des hommes qui faisait partie de la Troisième Division. Je montai à l’étage pour rejoindre mon bureau et je croisai également mon lieutenant Izuru Kira. Cet homme avait tenu la Division entre la trahison de Gin et mon accession au rang de Capitaine. Je respectai cet homme par sa force, mais aussi pour sa détermination et sa dévotion sans faille à cette division. Nombreux sont ceux qui auraient abandonnés ou tout laissés en plan sans réfléchir. C’est aussi pour cela que j’écoutai quand il voulait me dire quelque chose, il méritait qu’on l’écoute quand il parlait.
Je passai donc une grande partie de ma journée à remplir des documents, à en lire d’autres à envoyer des messages à mes hommes qui se trouvaient dans le Seireitei et parfois dans le Monde Réel. Le temps passe vite quand on est occupé. On devait déjà être au milieu de l’après-midi quand un pétale de fleurs de cerisier se déposa sur mon bureau. Je regardai le pétale, posant ma plume et je levai les yeux vers la fenêtre ouverte. Un cerisier était devant ma fenêtre et la légère brise faisait s’envoler les premiers pétales. Je souri en regardant les superbes fleurs roses pâles sous le soleil du printemps. Mais au moment, où j’allais retourner à ma paperasse, je vis une silhouette nichée au creux de l’arbre. Je soupirai, je me levai de mon siège, et je montai sur le rebord de la fenêtre. D’un saut, je rejoignis la branche me posant délicatement, tel un félin. Je reconnus la silhouette, même si je ne me souvenais pas de son nom. Elle faisait partie des Nécromanciens. Mais je ne me souvenais pas non plus de son siège. Je l’observai quelques instants avant de me décider à la réveiller, vu qu’elle semblait dormir. Je me raclai doucement la gorge, au cas où elle m’entendrait, puis je dis avec douceur. "Bonjour, Shinigami." Ma voix était calme, amicale. J’attendis qu’elle ouvre les yeux, puis je dis toujours avec ce calme et cette douceur. "Puis-je savoir ce que vous faites dans les locaux de la Troisième Division ? Mademoiselle ?"
J’aime les cerisiers en fleurs et ils ont tendance à me rappeler mon enfance. Bon, il n’y a pas que de mauvais moments. Bien loin de là. Je me vois encore en train de jouer avec mes frères et sœurs. Je me surprends à sourire en y repensant. Peut-être que je me déciderais à les revoir mais pour le moment, je ne me sentais pas prête. Pourtant, j’avais eu la permission de Kuchiki-sama pour essayer de réparer l’erreur que j’ai commise il y a plus de deux siècles. Je me suis coincée dans le cerisier et je laisse mon esprit voguer tranquillement jusqu’à ce que je finisse par m’endormir. Ma mère me disait souvent que si je dormais, c’est ce que j’en avais besoin. Il faut dire que je suis dans un lieu qui se montre apaisant et il n’y a pas vraiment de lieu de ce genre dans les quartiers de mon Corps de rattachement. Me laissant donc entraîner par le vent et les pétales de fleurs, ma respiration s’est calmée et je n’avais plus qu’à accueillir Morphée pour un repos qui sera peut-être salvateur. Si c’est le cas, cela faisait longtemps.
Mais à un moment donné, j’entends une voix et je gémis avant d’ouvrir un seul œil. J’étais bien là… Qui peut bien venir me réveiller ? J’ai pourtant fini mes tâches de la journée et je voulais simplement souffler un peu, car ce n’est pas simple de gérer une « division ». Mon insigne de lieutenant est attaché à ma taille puisque tous les lieutenants doivent obligatoirement porter le symbole quand ils sont dans le Gotei XIII. Ne voulant me fâcher avec personne, je l’ai porté. Observant l’homme qui s’avère être plus haut que moi, conservant une certaine distance sur une branche. Il avait plutôt un visage agréable à regarder, brun avec des cheveux courts qui voguait au rythme du vent. Ouvrant tout de suite l’autre œil en voyant le haori, je me révèle surprise et je manque de tomber de ma branche où j’avais élu domicile pour cette courte période de l’après-midi. Me rattrapant à une autre branche, je lâche un soupir de soulagement. J’aurais encore fini par terre… C’est à croire que j’aime manger la poussière.
« – San ban tai taïshô… »
Je suis gênée, car je ne m’attendais pas à ce qu’un capitaine vienne me réveiller en personne. En tant normal, personne ne prête attention à moi et je suis bien plus discrète que ça. À croire que je ne l’ai pas été. En même temps, je n’ai pas cherché à me cacher et ce n’est pas dans un cerisier en fleurs que je me serais cachée. Je connais bien d’autres endroits pour me cacher, mais je n’ai aucune raison de le faire. Observant autour de moi, je remarque que je suis effectivement dans les locaux de la troisième division. Je grimace, car je n’avais prêté aucune attention à ce détail. Restant silencieuse, je me cherche une excuse et je finis par soupirer, car je ne trouve aucune excuse. Je n’ai pas d’autres choix que de m’excuser auprès du capitaine. Levant les yeux sur le brunet, je montre un sourire avant de prendre la parole.
« – Je n’ai pas prêté attention des lieux où je me trouvais. Je me suis laissé tromper par le vent et les fleurs de cerisier. Je vous prie de m’excuser… »
Me calant une nouvelle fois, je viens me mettre à sa hauteur tout en montrant un sourire. J’adore toujours autant les cerisiers en fleurs et quand c’est accompagné du vent, cela me calme et m’apaise. Cela faisait longtemps que je n’étais plus aussi calme et apaisée. Je sens que les sommeils de ces prochains jours vont être reposants… Je n’ai plus qu’à dire la vérité et lui avouer ce qu’il sait probablement déjà.
« – Nagakima Yukika, Fukukidoshô ! Ravie de faire votre connaissance. »
Je lève la tête vers les fleurs tout en posant un coude sur un de mes genoux. J’ai vraiment l’impression de me revoir au domaine Kuchiki, gamine. On jouait avec les pétales et on adorait courir quand elles tombaient. Mes sœurs avaient tendance à me placer une fleur dans les cheveux et je rentrais à la maison avec un diadème de fleurs de cerisier. Mais cela remonte à il y a si longtemps que j’avais perdu l’envie ou le goût de revoir ces arbres fruitiers. Gardant mon sourire discret, je reporte mon attention envers mon interlocuteur.
« – J’espère ne pas vous avoir dérangé ? »
j’avais un doute là-dessus. En temps normal, les autres capitaines ne prêtent pas attention à ma présence. Il faut dire que je n’ai rien d’un shinigami classique. Ils ont tous un zanpakutô alors je suis la seule qui n’en ai pas dans ce monde de dirigeants. Bon, d’accord, tous les membres du Corps des Nécromanciens n’ont pas le droit de développer un zanpakuto au sein du sereitei mais cela n’empêche pas le fait que j’y pense sérieusement. C’est d’ailleurs étrange d’avoir cette soudaine envie… Mais actuellement, j’ai bien d’autres problèmes à régler qu’à gérer l’apparition de mon zanpakuto… Je pense que cela viendra dans quelque temps.
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