Il y avait peu de temps que la nouvelle était tombée. Plus tôt en cette même journée, Kiyone et Sentarou étaient en quelque sorte venus à ma rencontre pour m’apprendre une terrible nouvelle. Enfin, je les avais surtout surpris en train de se chamailler pour savoir qui avait le plus de compassion à mon égard et donc lequel des deux serait le mieux placé pour me partager les faits. Suite à mon apparition, toutefois, ils n’avaient eu d’autre choix que de cracher le morceau. Mon grand-frère Byakuya avait été fait prisonnier par les forces du Hueco Mundo, s’il n’était pas déjà décédé. Mes deux camarades de la treizième avaient alors tenu à me faire savoir qu’ils étaient là pour moi et que si jamais j’avais besoin d’assistance, je pouvais leur en faire part à toute heure du jour ou de la nuit. Bien que leur attitude me touche, j’avais prétexté avoir besoin d’être seule pour encaisser la nouvelle, ce qui était partiellement vrai. J’avais besoin d’être seule pour réfléchir à ce que j’allais faire ensuite. Après un long monologue intérieur, j’avais choisi de me rendre sur terre dans le but de quérir l’aide du shinigami daikô, Kurosaki Ichigo. Si notre expédition était des plus risquées, nous n’avions pas non plus grand-chose à perdre. Si nous échouions, la Soul Society perdrait certes une noble, mais une simple shinigami non gradée et un humain, ce qui était bien moins fâcheux que la perte d’un capitaine de division. Certes, mon frère serait des plus mécontents si ma conduite devait porter quelconque préjudice à la noble maison Kuchiki, mais c’était un bien maigre fardeau à comparé de la perte de Nii-sama. Ainsi, j’avais fait route jusqu’à mes appartements afin de récupérer mon sabre, Sode no Shirayuki. Je ne pensais pas en avoir besoin dans l’immédiat, mais dans les jours à venir une mission de sauvetage allait s’organiser de façon clandestine et il me faudrait donc être parée pour ce départ imminent. J’étais ensuite allée emprunter un papillon de l’enfer afin de faire le voyage, mentionnant à qui voulait bien l’entendre que j’avais besoin de rendre visite à un ami afin de digérer la nouvelle, feignant la tristesse plutôt que la détermination. Certes, cela ne marcherait qu’un temps, sinon pourquoi serais-je partie armée? D’ailleurs, j’avais un instant considéré l’utilisation du gigai, méthode qu’il m’arrivait d’employer de temps à autre pour lui rendre visite, mais cette fois il était mieux de laisser cette méthode de côté. Après tout, à l’intérieur d’un gigai, les membres de la douzième auraient pu me suivre tout à loisir et ce avec bien plus d’efficacité que si je voyageais en tant que simple esprit et camouflais mon reiatsu. Bon, ce n’était pas une méthode à cent pour cent efficace, mais si nous devions passer par chez Urahara, il faudrait être le plus discret possible. J’apparu dans le monde des humains, sur le toit de la clinique Kurosaki alors que le soleil était encore bien haut dans le ciel. L’air était plus frais qu’à mon précédent passage et l’hiver, ainsi que la neige, ne sauraient tarder. Une brise fraîche s’engouffra dans ma courte chevelure et je marquai un temps d’arrêt, à la recherche du reiatsu le plus facile à repérer de toute la ville. Il était évident qu’il ne se trouvait pas chez lui, son énergie spirituelle aurait été bien plus proche et de toute façon, à l’heure qu’il devait être vu la position du soleil, il devait encore être au lycée. Le lycée de Karakura… Je me mis en route, sautant de toits en toits, réfléchissant plus que je ne regardais devant moi. Il y avait bien longtemps maintenant que je n’y avais point mis les pieds. Mangeaient-ils encore sur le toit? Probablement pas, la brise d’hiver était mordante après tout. Dire qu’il m’était arrivé de passer l’heure du repas avec les autres jeunes filles de la classe, discutant dans l’herbe. Je repensai également aux petits jus en boites de carton avec leur fameuse paille, sans oublier les uniformes de l’école qui étaient bien différents de ceux des shinigamis. À l’époque, tout le monde se demandait si Ichigo et moi nous fréquentions, probablement parce que la chasse au Hollow nous poussait à passer beaucoup de temps ensemble. Il en fallait si peu pour qu’une rumeur ne se déclenche, mais ça ce n’était pas très différent de la vie au Seireitei. Même maintenant que j’étais partie à toute vitesse afin d’être à ses côtés, il était probable que certains se posent cette même question. Si l’avis des autres ne m’importait que très peu, il n’en demeurait pas moins que j’étais forcée de me poser moi-même la question. En quoi consistait notre relation exactement? Nous étions devenus amis suite à un concours de circonstance et nous avions tout naturellement collaboré. J’étais également présente lorsqu’il avait apprit l’identité du véritable meurtrier de sa mère et, lorsque Nii-sama et Renji étaient venus me ramener avec eux, il avait tout tenté pour me protéger. Et surtout, quand bien même je lui avais dit que je ne le lui pardonnerais jamais s’il tentait quoi que ce soit pour me retrouver, il avait infiltré la Soul Society et avait même réussi à me sauver de l’exécution. Et aujourd’hui, alors que j’avais le plus besoin d’aide, c’est vers lui que je me tournais sans une seule hésitation. Vraiment, il n’y avait aucun doute. J’étais privilégiée d’avoir su nouer une amitié si solide avec Ichigo. Je distinguai finalement le bâtiment au loin et réfléchis à un angle d’approche. S’il avait fait plus chaud j’aurais certes pu me glisser dans leur salle de classe par l’une des fenêtres ouvertes, mais vu la température c’était tout de suite à exclure. Si j’avais été dans un gigai j’aurais simplement pu ouvrir la porte de la classe et l’appeler pour qu’il sorte comme à l’habitude après avoir formulé une excuse que l’enseignante n’aurait probablement pas crue, mais les portes qui s’ouvrent sans raison, surtout si elles sont coulissantes, sont plutôt rares. Ne me restait donc plus qu’une option plutôt simple, me positionner dans le couloir et le laisser sentir mon reiatsu, il en serait probablement capable maintenant et sortirait certainement de lui-même, intrigué par ma soudaine présence ici. Et qui sait, peut-être aurais-je la chance de croiser Orihime et les autres par la même occasion, ils pouvaient me voir après tout. Je pénétrai l’établissement par l’entrée principal et empruntai le même chemin qu’autrefois, alors que j’étais coincée dans mon corps artificiel. Je regrettais presque cette vie que j’avais menée durant deux mois, mais je n’étais pas chez moi ici et il avait été une erreur de m’attacher autant à cette école et à ce mode de vie. J’arrivai finalement devant la bonne porte et vint m’appuyer en face, dos au mur, laissant s’échapper mon reiatsu suffisamment pour être repérable. De mon côté, je pouvais déjà sentir le reiatsu fort familier, et mal contenu, du rouquin. Ne restait maintenant plus qu’un seul détail à régler, comment allais-je lui demander son assistance? Ses rapports avec mon frère seraient-ils suffisants pour qu’il accepte de me prêter main forte? De plus, cela impliquait que je devrais spécifiquement lui demander de l’aide, ce qui n’était pas dans mes habitudes. Aider autrui relevait du naturel, je n’avais pas à me poser une seule question ou à hésiter, je ne faisais que foncer et advienne que pourra, bien que conservant toujours la tête froide. Me confier à autrui, toutefois, était une toute autre histoire. Et puis il m’avait déjà sauvé la vie une fois au péril de la sienne, était-il véritablement raisonnable de lui demander son aide à nouveau? Mais alors, pourquoi avoir fait tout ce chemin si c’était pour changer d’avis au dernier instant? Il allait sortir de la classe d’une seconde à l’autre et me demander ce que je pouvais bien faire là alors que je savais pourtant qu’il était en classe. Je soupirai, me demandant ce que j’allais bien pouvoir lui dire.
Le calme était revenu depuis peu sur Karakura. La bataille opposant les cinq étranges silhouettes, s'avérant être des Arrancars, aux Shinigami du Gotei 13 ainsi qu'au rouquin indépendant, avait pris fin depuis déjà quelques jours. Les envahisseurs avaient rendu leur souffle sur le champ de bataille et les vainqueurs avaient ainsi eu l'occasion de pouvoir récupérer de leurs blessures. Mais, c'était sans compter le fait que l'un des combattants, Kuchiki Byakuya, n'avait nullement eu la possibilité de rentrer chez lui...
Ichigo ignorait cette disparition. Suite à la bataille, il s'était retrouvé blessé et épuisé, sans oublier que son Hollow avait refait des siennes. Il avait ainsi laissé les autres Shinigami s'occuper d'eux-même et rentrer à la Soul Society pour pouvoir aller se soigner par ses propres moyens et trouver une solution pour son problème rapidement. Ça n'avait été guère des blessures graves et avec le matériel à sa disposition dans la clinique de son père, il avait été en mesure de se prendre en charge tout seul. Le temps de chercher comment résoudre son mal interne qui l'avait rongé de plus en plus de jour en jour, il avait pu un peu récupérer du combat. Toutefois, cette voix menaçante s'était manifestée même quand il avait été dans son corps, comme un stalkeur digne de ce nom. Il avait eu des réticences à se battre pleinement, il avait craint d'un jour perdre la boule et menacer ses proches. Ça devait cesser. Aussi, il avait fini par être contacté par un groupe de types indépendants. Ces types s'annonçant comme étant des Vizards, des Shinigami possédant des pouvoirs de Hollow, affirmant qu'Ichigo était l'un d'entre eux. Bien que l'adolescent ne leur avait pas porté une confiance aveugle, il n'avait pu leur tourner le dos car c'était les seuls à pouvoir l'aider. Suite à une épreuve plus qu'éprouvante, se résumant à un combat intérieur contre son Hollow, le rouquin avait pu mettre fin à son angoisse et reprendre pleinement le contrôle de son propre corps, pouvant dans l'élan faire usage de ces pouvoirs malsains. Cependant... Ce n'était pas encore au point. Son masque ne tenait guère longtemps sur son visage, moins d'une dizaine de secondes dans le meilleur des cas, cinq secondes le plus souvent. C'était pitoyable. Mais, le plus important était que la tête en feu n'avait plus de problème de maîtrise et pouvait donc souffler.
Ainsi, il avait pu convenablement guérir et reprendre des forces avec le temps de paix qui lui était accordé. Enfin... Presque. En effet, il n'avait pas cessé ses activités quotidiennes en dehors de tout ça, tant au niveau de sa scolarité qu'au niveau de ses responsabilités de Shinigami Daikô. Fort heureusement, le jeune garçon était du genre à récupérer bien vite et que se débarrasser de Hollow de bas étage n'allait pas grandement empirer son état, pareil pour le fait d'aller en cours. A présent, il était complètement remis.
Ce matin, on retrouva le hérisson roux à sa sortie d'hibernation, à sept heures. Prenant le temps d'émerger, il se préparait tranquillement, se vêtant de son uniforme scolaire gris. Bien sûr, avant de quitter sa chambre en étant armé de son sac, il prit bien soin d'emmener avec lui son badge de Shinigami Remplaçant, qu'il logea précieusement dans sa poche arrière de pantalon. Il souhaita le bonjour à sa famille en arrivant à la salle principale de la demeure, à savoir à son père dont il stoppa l'assaut vers lui en écrasant sa tronche avec le pied alors qu'il arrivait à peine dans le salon, ainsi qu'à ses deux petites sœurs dont l'une, toujours aussi souriante, servait le petit-déjeuner tandis que l'autre mangeait déjà. Il s'assit et prit donc son premier repas de la journée, tandis que le paternel faisait la carpette à terre. Suite à ça, il partit de chez lui, fin prêt.
Le voilà à présent sur la route de son lycée. On pourrait bien mettre en ellipse ce trajet, mais il fallait signaler quelque chose. Effectivement, le jeune lycéen se faisait très songeur, notamment vis à vis de cette fameuse bataille sur les toits de Karakura, en pleine nuit, il y avait maintenant quelques jours de ça. Il n'avait eu aucune nouvelle depuis. Il était conscient qu'il n'était qu'un simple Shinigami Daikô et qu'il ne faisait pas parti du Gotei 13, mais, ayant participé à ce combat, il pensait être un minimum tenu au courant de la suite des événements. Après tout, une telle attaque était inhabituelle et devait présager quelque chose pour la suite, car il ne fallait pas oublier qu'ils étaient en guerre contre Aizen. S'il se tramait quelque chose, il voulait le savoir et ainsi participer. De plus, il pensait avec audace qu'on allait peut-être devoir requérir de son aide si la situation s'aggravait. Mais... S'il n'entendait plus parler de cette histoire, c'était peut-être parce qu'il n'y avait toujours rien eu ? Était-ce bon signe..? Ou alors, était-il juste laissé dans l'ignorance ? Penser à tout ça lui filait bien un air sérieux, marqué par une accentuation des sourcils perpétuellement froncés.
Au final, notre tête de konpeito arriva à destination, au lycée Daîchi. Une nouvelle journée sans prétention allait se dérouler. Il n'y avait rien de spécial de prévu, la routine pouvait battre son plein. Saluer les amis, suivre les cours... Bref, la rengaine. Il ne confia à personne ses préoccupations, comme d'habitude, pas même à ses plus proches amis pourtant au courant de sa condition. Il pouvait continuer de ruminer sur toutes ces histoires dans son coin, même si ça se voyait aux yeux de tous que quelque chose lui occupait l'esprit. Il se faisait même pas mal discret en cours, heureusement qu'il ne se faisait pas attraper par la prof. En tout cas, il n'y avait encore aucun Hollow en vue, c'était déjà ça. Quoique... Ça aurait pu lui changer les idées l'espace d'un instant d'aller en fracasser un après s'être barré en plein cours.
Mais, alors qu'il était en cours d'anglais, une chose vint le tirer de cette routine quotidienne et aussi de ses songes. Il sentit un reiatsu, un reiatsu bien familier. Il en élargit le regard d'étonnement, alors qu'il réalisa à qui il appartenait. Cette signature spirituelle, c'était celle de Kuchiki Rukia. Que venait-elle faire ici ? Qu'est-ce que sa venue signifiait ? Était-ce pour donner la nouvelle qu'il attendait depuis le temps ? Alors qu'il se posait ces questions, la masse d'aura se déplaçait pour se rapprocher de plus en plus... Il la sentit alors tout près. Il était prêt à jurer que la Shinigami était juste derrière le mur de la classe. Elle ne bougeait plus, apparemment. Bon sang, mais pourquoi ? Son regard chocolaté était tourné vers ce fameux mur, à côté de la porte de la classe. C'était comme si elle attendait... Le jeune homme jeta un œil à sa montre au poignet gauche. Le cours était commencé depuis peu de temps. Allait-il se permettre de faire attendre la petite brunette plus d'une demie heure ? Bien sûr que non. Il inventa vite fait le bon mensonge pour berner la prof afin de s'absenter comme à son habitude et sortir normalement de la classe. Il ferma convenablement la porte coulissante et vit effectivement la petite Shinigami adossée au mur qui affichait un air pensif, mais aussi hésitante et peinée. En bref, c'était pas la joie. Le hérisson roux s'approcha d'elle et décida alors de l'aborder en conséquence.
Rukia... Il y a un souci ?
Ce qui le dérangea le plus c'était que c'était la première fois qu'il voyait la Kuchiki venir au lycée sous sa forme spirituelle et non dans un gigai. Avec la trombine qu'elle montrait, qu'est-ce qu'il se tramait ? Il en vint à montrer de la gravité dans son expression faciale. Vu qu'il n'était pas censé rester là, dans le couloir et devant la salle, et encore moins se mettre à parler tout seul, il décida d'inviter son interlocutrice à le suivre.
Allons sur le toit, ça sera mieux.
Même s'il faisait un peu frais, ça n'allait pas les empêcher de trouver la tranquillité là-bas. Ils étaient en pleine période de cours, alors il n'allait y avoir personne. Ne pas se faire déranger et mieux encore, ne pas prendre de risque de se faire choper, était important en pareil cas. Il se tourna finalement vers elle une fois arrivés après avoir marché d'un pas plutôt pressé, prêt à l'écouter.
Ichigo n'avait pas été à l'encontre de ses habitudes. Un fait important se profilait à l'horizon alors qu'il était assis à sa table en plein cours ? Eh bien, il inventait un bon bobard qui tenait plus ou moins la route au prof pour se barrer et il fonçait ! Pas la peine de se compliquer la vie. En général, c'était pour pouvoir aller sublimer un Hollow qui venait de se pointer en ville. Là, c'était pour aborder une personne dont il n'avait pas l'habitude de voir venir en pareille circonstance. En effet, depuis les derniers événements à la Soul Society, à savoir le sauvetage de Rukia et la trahison d'Aizen, il était rare de voir la petite Shinigami montrer le bout de son nez à Karakura. Quand elle venait à lui, c'était souvent pour quelque chose d'urgent ou, du moins, pour une bonne raison. En l’occurrence, sa dernière visite datait de la semaine passée, peu de temps avant le combat contre les cinq Arrancar pour le prévenir que les Shinigami mobilisés allaient avoir besoin de son soutien. Alors, c'était pour quoi cette fois-ci cette venue ? Pour lui donner des informations relatives à ces faits ? Ces nouvelles qu'il attendait tant ? Peut-être... Mais, et si c'était pour autre chose ? Par exemple, un fait grave qui s'était encore déroulé ? Surtout qu'elle n'avait pas attendu le meilleur moment... Il avait été en plein cours. Par contre, le truc paradoxal aux urgences habituelles avec elle, c'était qu'elle n'avait même pas fait irruption dans la salle à l'arrache pour s'emparer du rouquin et se sauver avec lui en fournissant une excuse boiteuse à l'enseignant. Non... Elle avait patienté à l'extérieur de la classe, sans bouger. Il y avait anguille sous roche et ce fut ainsi que le jeune homme n'avait pas attendu pour aller la voir.
Quand il l'avait vu, il s'était dit qu'il avait bien fait de se hâter. Il avait compris pourquoi elle n'avait pas été dans la salle : elle était dépourvue de gigai. Pourquoi, d'ailleurs ? Elle n'avait pas pu en prendre un ? Elle n'en avait pas jugé l'utilité ? Elle était trop pressée ? En plus de ça, elle avait affiché le genre de visage qu'on avait quand on n'était pas dans son assiette. La tête en feu n'avait pas pour coutume d'aller par quatre chemins pour entamer une discussion et demander ce qu'il se passait, il avait fait court en s'arrêtant près d'elle. Malgré qu'il avait prononcé ce prénom si peu commun pour l’interpeller, la Kuchiki avait à peine relevé son regard, sans se confronter au sien. Il avait dû faire savoir son inquiétude en demandant ce qu'il y avait pour qu'elle le fixe finalement dans les yeux, l'ambre rencontrant l'améthyste. A ce moment, il avait plissé les yeux en gardant son air grave et un tantinet inquiet, car elle avait changé subitement d'attitude, arborant son comportement de fille à mauvais caractère. Mais, le rouquin n'avait pas été dupe. C'était trop louche, il y avait trop d'indices qui montraient que la situation puait mauvais. Finalement, elle avait confirmé ses soupçons. Il y avait quelque chose... Mais, quoi ? Elle n'avait pas été plus loin. Alors, effectivement, c'était pas le coin idéal pour causer. Aller sur les toits avait donc été une idée judicieuse. Elle n'avait pas refusé, elle avait accepté en silence et l'avait suivi... Mais, vraiment en silence. Durant leurs marches, à part leurs bruits de pas qui avaient résonné dans les couloirs vides à cause de la présence des élèves dans les salles de classe, on avait pu entendre les mouches voler et même péter. Cette absence de parole, le lycéen n'avait pas voulu la gâcher. Ça n'avait fait que confirmer ses doutes, d'autant plus qu'en baissant légèrement ses iris noisette vers elle, il avait pu la voir scruter le sol avec intérêt. La petite brunette pouvait toujours se montrer mauvaise et revêche, il y avait des choses qui ne trompaient pas. D'autant plus que le grand dadais la connaissait maintenant, il savait qu'elle était du genre à ne pas montrer ses difficultés, à montrer qu'elle était forte face à l'adversité. Il s'était fait patient jusqu'au toit...
Une fois sur place, il avait attendu que la Shinigami vide son sac. Les cheveux d'un orange éclatant à cause du soleil qui déposaient ses rayons dessus, remuant à cause du vent en harmonie avec sa veste d'uniforme grise laissée ouverte, Ichigo s'était tourné vers elle, pouvant ainsi la distinguer reprendre un air complètement contraire à ce qu'elle montrait avant l'arrivée du Shinigami Daikô et pendant la marche. Elle abusait un peu trop sur la comédie, quand même... Il fallait vraiment être stupide pour ne rien percuter de son manège. Toutefois, l'adolescent ne s'était pas impatienté, il avait attendu qu'elle s'explique tout en gardant son expression faciale inchangée.
Il l'écouta attentivement jusqu'au bout de sa prise de parole, sans l'interrompre aucunement. Tout ce qu'il fit, c'était froncer davantage les sourcils plus qu'il ne l'étaient déjà à la raison qu'elle lui donnait. D'après ce qu'elle disait, elle était venue le tirer de son cours pour lui faire savoir qu'elle allait s'absenter pendant on ne savait combien de temps pour une mission importante. C'était bien d'avertir, certes, mais il y avait d'autre moyen ou moment pour ça. C'était pas comme si c'était un adieu. Ça serait juste pour ça qu'elle tirait une telle tronche ? Impossible. Elle n'avait jamais été aussi touchée juste pour une absence, elle n'avait pas été comme ça quand le rouquin était reparti chez lui après l'avoir sauvé. Notre grand garçon voila son regard sans relâcher ses traits faciaux, faisant savoir ce qu'il en pensait.
Fuzake na...
Il laissa ensuite de nouveau voir ses iris chocolat, avec un air qui montrait qu'il n'était pas enclin à écouter des mensonges gros comme le Sôkyoku ou bien à faire face à des cachotteries.
Me sortir ça alors que tu es venue me voir sous ta forme de Shinigami pendant que j'étais en cours et avec une tête grave aussitôt planquée derrière ta comédie de dédramatisation quand j'arrive, sans oublier ce qu'il s'est passé la semaine dernière... Tu me prends vraiment pour un con...
Il rendit ses traits moins dur, laissant davantage place à la préoccupation, sans la quitter du regard.
Je te connais, tu t'en ferais pas pour ça. Dis-moi la vérité, Rukia... Qu'est-ce qu'il y a pour que tu viennes me voir comme ça..?
La petite Shinigami n'avait plus d'autre choix que de tout déballer, chose qu'elle fit. Elle soupira, décroisa ses bras, décrispa ses traits et ouvrit les yeux sans pour autant les relever vers lui, comme si la honte, la gêne ou la culpabilité la prenaient en tenaille. La voilà partie pour donner les vraies raisons de sa venue. Son frère aîné était retenu captif par les Arrancar au Hueco Mundo. Rien qu'à cette information, le hérisson roux vint à écarquiller les yeux de stupeur. Comment ça se faisait ? Comment le chef du clan Kuchiki avait-il pu être fait prisonnier ? Que s'était-il vraiment passé pendant cette semaine ? La cadette voulait aller le chercher malgré que le Gotei 13 avait refusé l'idée, sans laisser l'espoir de la faire changer d'avis. En quel honneur la Soul Society avait tourné le dos à l'un des Taichô ? C'était surtout ça qui le sidérait, encore plus que le fait que Byakuya s'était fait avoir. D'ailleurs, pour que le noble avait pu être attrapé, c'était que l'ennemi devait être vraiment fort ou avait profité d'un moment de faiblesse... Pendant que les Shinigami rentraient chez eux ? Les lèvres du jeune homme vinrent à se sceller, il le savait qu'il y avait un grave problème, ses doutes étaient fondées. Son regard vint à se refaire vraiment sérieux. Il ne laissait plus voir de l'inquiétude, mais plutôt sa détermination, car il avait déjà pris sa décision. Oui, pas besoin de réfléchir cent sept ans pour ce genre de chose, il fonçait toujours.
Je viens.
Sans même dire un seul merci pour les aveux ou même la bonne intention de le prévenir, sans même avoir dit qu'il comprenait ce qu'elle lui avait avoué, sans même avoir donné son avis sur la question, il avait directement fait part de ses intentions. Lui aussi, c'était même pas la peine de songer à lui faire changer d'avis et pour maintenant, ça se savait. Après tout, Rukia avait beau lui avoir dit de ne pas la suivre alors qu'elle partait avec son frère et Renji, il était quand même venu. Et puis, le Gotei 13 pouvait décider ce qu'il voulait, Ichigo s'en foutait. De toute façon, il n'en faisait pas parti. Il était sous leur regard, mais il demeurait indépendant de ses choix, selon lui. Il agissait toujours conformément à ce en quoi il croyait, à ce qu'il pensait être juste, à ce qui respectait sa morale. Il valait mieux aller contre les ordres et ne rien avoir à regretter. Mais, c'était sans compter le fait qu'il s'agissait de Byakuya. Ce n'était pas non plus un grand ami, mais il le respectait. Les faits passés, comme quoi il avait dû se battre contre lui pour sauver la condamnée, c'était bien derrière lui. Il comprenait pourquoi le grand frère avait agi ainsi et il n'allait pas revenir dessus. Sans oublier que le chef de clan était maintenant la seule famille de la petite brunette. Pour aider des amis dans la mouise, le rouquin n'hésitait pas un seul instant. Quand la situation était grave, quitte à prendre des risques, il se lançait. C'était pour ça que le Shinigami Daikô avait obtenu des pouvoirs après tout, c'était pour ça qu'il se voulait toujours plus fort. Il voulait aider et protéger ceux qui lui étaient chers, ou même ceux dans le besoin. De toute façon, il fit une piqûre de rappel à son interlocutrice.
Et ça sert à rien de m'en dissuader, je changerai pas d'avis. Donc, comment ça va se passer ?
Il ignorait que le but de base de la petite bretteuse était de justement requérir son aide, mais il s'était montré franc et direct, ayant toujours été comme ça. Trêve de bavardage, on active et on passe à la suite. Il attendait que la Shinigami de la treizième division lui dise ce qu'elle comptait faire pour aller sauver le Roku Ban Tai Taichô. Comment aller au Hueco Mundo ? L'adolescent pensa tout de suite à Urahara Kisuke. Ce marchand de bonbon douteux avait bien pu envoyer lui et ses amis à la Soul Society, alors pourquoi pas au Hueco Mundo ? Il était tellement bizarre et mystérieux ce type... Même si le rouquin savait maintenant qui il était réellement, à savoir ancien Jû Ni Ban Tai Taichô et fondateur du Bureau de Développement Technique. De plus, il voulait savoir si elle avait déjà une idée d'approche ou même si quelqu'un d'autre se joignait à eux, parce que, fallait pas exagérer, mais se lancer à deux en terrain inconnu chez des adversaires qui avaient pu capturer le noble et où Aizen et ses potes se tenaient, c'était craignos. Non, le jeune homme n'avait pas peur. Il avait quelques appréhensions, certes, mais ce n'était pas ce qui allait le faire reculer. Il voulait surtout être mis au parfum et être pleinement au courant du bordel qui se tramait et dans lequel il allait se fourrer. Après l'invasion de la Soul Society, ça allait être l'invasion du Hueco Mundo et toujours pour libérer un captif sur la pente raide. A croire que c'était une coutume chez les Kuchiki...
La petite brunette avait beau avoir subitement relevé son regard violacé choqué vers le rouquin quand il avait énoncé des mots forts, apparemment un peu trop à la légère, ce dernier n'en avait nullement pris ombrage. Il avait enchaîné sur sa prise de parole pour faire entendre le fond de ses pensées, afin de se justifier. En croisant ces iris d'améthyste, il en était venu au point de montrer plus ouvertement son inquiétude dans son regard en apaisant sa contrariété, comme espérant la voir dire la vérité après avoir réussi à obtenir son attention visuelle. Il pouvait paraître être une brute bien vulgaire, il n'empêche que si on prenait la peine de le connaître et de chercher à le comprendre, on pouvait découvrir en lui un cœur bien sensible. L'état de la Shinigami ne l'avait laissé nullement indifférent, il s'était montré soucieux et préoccupé. Il avait désiré avoir le fin mot de l'histoire et il avait obtenu ce qu'il voulait savoir, décidant ainsi dans l'instant sans hésitation d'aider cette âme à pouvoirs.
Il s'était montré ferme et décidé, rappelant que c'était inutile d'essayer de lui faire changer d'avis et apparemment, Rukia en avait aucunement envie. C'était comme si elle avait saisi l'ampleur de sa résolution et sans doute de son entêtement. De toute façon, il n'avait pas laissé le temps à une quelconque objection, il avait directement demandé comment allait se passer la suite. Il ne fallait pas charrier, c'était fini le temps du bourrin qui fonçait sans savoir de quoi il s'agissait. Il avait un peu mûri et se montrait un peu plus assidu d'autant plus qu'il allait s'agir d'un travail en équipe. Hors de question de faire l'idiot, il n'y avait pas que sa propre vie en jeu.
Ainsi, la militaire ne fuyait plus son regard d'ambre, comme si elle était attirée. Elle était dorénavant comme inspirée d'assurance en la présence de l'adolescent, comme si le poids de la gêne et de la honte avait été anéanti. Elle put donc faire part des informations qu'elle détenait. Le lycéen se montra toute ouïe, gardant ses sourcils toujours aussi froncés de sérieux. Il put apprendre que deux autres personnes allaient participer à l'opération. Il allait y avoir Abarai Renji, le Fukutaichô de Byakuya, qui n'était plus du tout un inconnu pour Ichigo. Les deux hommes avaient déjà croisé le fer dans des combats à mort, pour finir par s'allier pour une seule et même cause : sauver la condamnée. Ce ne fut point une surprise pour le hérisson roux de savoir que cet homme à la chevelure magenta allait venir car il savait que le Taichô représentait beaucoup pour lui. Mais, il allait y avoir une quatrième personne mystère dans le groupe, portant le grade de troisième siège de la sixième division. Qui était-ce ? Il pouvait déjà savoir que c'était une femme, mais, c'était tout. Oh, et puis, il allait bien le savoir en temps et en heure, c'était pas le plus important dans l'immédiat. Donc, ces deux participants devraient déjà être avec le marchand de bonbons pour lui demander l'ouverture d'un portail nommé Garganta pour le Hueco Mundo. En sommes, si le Soleil Noir et la Lune Blanche ici présents voulaient aller sauver le noble Kuchiki, il fallait se bouger maintenant et pas dans deux heures. C'était donc cela la raison de la venue de Rukia en plein cours du Shinigami Daikô : elle ne pouvait pas attendre plus longtemps. D'ailleurs, après avoir dit que le plan allait être élaboré plus profondément une fois tout le monde réuni, ce qui était judicieux vu qu'ils allaient agir tous ensemble, elle fit justement mention du fait que le départ était imminent et qu'il fallait en gros se hâter. Le jeune homme à la chevelure de feu ne se fit pas prier, il hocha la tête en signe d’acquiescement.
Ok, je vois. Je vais sortir un canular à la prof pour pouvoir rentrer chez moi dans l'immédiat. Je compte confier mon corps à Kon, histoire de pas inquiéter ma famille avec mon absence. Bref, j'vais me grouiller, on se retrouve chez Urahara-san !
Sur ces mots, il n'attendit pas pour se mettre en mouvement. Il quitta la Kuchiki du regard et s'élança pour redescendre du toit et rejoindre sa salle de classe, au pas de course. Il se préparait mentalement et physiquement à faire le grand malade, vu qu'il avait en fait demandé juste avant à l'enseignante la permission de sortir un moment car il se sentait soit disant vraiment pas bien. Après son sprint dans les escaliers et les couloirs, il allait être essoufflé, transpirant et rouge... Bref, la trombine parfaite pour des symptômes de fièvre. Il suffisait juste d'afficher un air souffrant et on allait renvoyer chez lui le gosse contagieux. C'était un superbe plan machiavélique mis au point spontanément par l'adepte de l'école buissonnière. Il allait devenir un pro dans la formulation d'excuses foireuses à force de devoir s'absenter des cours n'importe quand. D'autant plus que l'excuse fut acceptée, la prof gobait tout, mais c'était sans doute pas le cas pour toutes les personnes présentes dans la salle, notamment ses amis les plus proches. Tant pis, pas le temps d'y réfléchir. Il put repartir du lycée sans être aidé par qui que ce soit grâce au prétexte que son père arrivait pour aller le ramener à la maison en voiture. Le paternel était médecin, ça passait donc tout seul.
Une fois hors de la vue de quiconque se trouvant dans le bâtiment scolaire, le rouquin cessa de faire le malade pour effectuer un nouveau sprint jusque chez lui. Le fait qu'il arriva à destination en étant sur les rotules n'était pas un secret, mais il ne prit pas le temps de se reposer. De toute façon, il avait un certain don pour récupérer rapidement physiquement. Une fois dans sa chambre, il sollicita aussitôt la peluche vivante qui pionçait en lui expliquant vite fait les grandes lignes de la situation et repartit ensuite des lieux sous sa forme spirituelle après lui avoir confié son enveloppe charnelle, direction la boutique d'Urahara pour y retrouver ce dernier et Rukia en vue de foncer au Hueco Mundo. Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer...